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velles, mais elles ont encore adouci lès souffrances de ses derniers jours. Le Dieu qu'adoroient Fénélon et Racine a consolé, sur le lit de mort, leur éloquent panégyriste et l'héritier de leurs leçons. Les amis, qui l'ont vu dans ce dernier moment où l'homme ne déguise plus rien, savent quelle étoit la vérité de ses sentimens ; ils ont pu juger combien son cœur en dépit de la calomnie, renfermoit de droiture et de bonté. Déjà même des sentimens plus doux étoient entrés dans ce coeur trop méconnu, et si souvent abreuvé d'amertumes. Les injustices se réparoient. Nous étions prêts à le revoir dans ce sanctuaire des lettres et du goût, dont il étoit le plus ferme soutien ; lui-même se félicitoit n'aguères encore de cette réunion si désirée; mais la mort a trompé nos vœux et les siens, Puissent au moins se conserver à jamais les traditions des grands modèles qu'il sut interprêter avec une raison si éloquente! Puissent - elles, mes chers confrères, en formant de bons écrivains qui le remplacent, donner un nouvel éclat à cette Académie française qu'illustrèrent tant de noms fameux depuis cent cinquante ans, et que vient de rétablir un grand homme, si supérieur à celui qui l'a fondée !

L.

XIII.

Réflexions sur le même sujet.

LA secte prétendue philosophique a toutes les pas

sions du fanatisme : esprit ardent de prosélitisme, haine furieuse contre ceux qui abandonnent sa livrée, désertent ses drapeaux. Si surtout quelque homme célèbre, désabusé des dangereux principes qu'elle

prêche, effrayé des funestes conséquences qu'on en tire, abjure les uns et gémit sur les autres, en les détestant; vous voyez aussitôt les adeptes acharnés contre lui, le traiter comme un renégat, donner à sa conduite les interprétations les plus absurdes, appeler des noms les plus odieux cette fermeté courageuse qui lui fait désavouer ses erreurs passées, et les expier par la profession franche et ouverte de nouveaux sentimens et de principes plus purs; enfin, comme rien n'est plus aisé que la calomnie, sur-tout lorsqu'on se soucie fort peu d'y garder aucune mesure, aucun caractère de vraisemblance, vous les voyez calomnier ses intentions, ses motifs, sa bonne foi : ils dénaturent tout, ils corrompent tout, ils empoisonnent tout, semblables à ces harpies dont le soufle impur ou l'odieux contact infectoit tous les objets dont elles approchoient.

M. Laharpe méritoit les honneurs de cette persé cution et de cette intolérance philosophiques. Attaché pendant trente ans au char de la philosophie, il a travaillé de tous ses moyens à le renverser, pendant les dix dernières années de sa vie. L'immoralité profonde que les sages du dix-huitième siècle avoient introduite dans toutes les classes de la société, en prêchant l'oubli ou le mépris de tous les devoirs, de tous les principes religieux; l'aspect de la France livrée à des bourreaux, déshonorée par des excès féroces; des réflexions sur lui-même et sur tant d'autres victimes des systèmes philosophiques; voilà, aux yeux de tout homme raisonnable, de tout homme qui n'est aveuglé par aucune passion, des motifs humains suffisans pour ab→ jurer une doctrine dont les résultats étoient si funestes, et pour adopter celle qui, indépendamment de tant d'autres preuves de vérité, étoit la plus propre à y remédier pour le présent,et à en préserver pour l'avenir;

velles, mais elles ont encore adouci lès souffrances de ses derniers jours. Le Dieu qu'adoroient Fénélon et Racine a consolé, sur le lit de mort, leur éloquent panégyriste et l'héritier de leurs leçons. Les amis, qui l'ont vu dans ce dernier moment où l'homme ne déguise plus rien, savent quelle étoit la vérité de ses sentimens ; ils ont pu juger combien son cœur, en dépit de la calomnie, renfermoit de droiture et de bonté. Déjà même des sentimens plus doux étoient entrés dans ce cœur trop méconnu, et si souvent abreuvé d'amertumes. Les injustices se réparoient. Nous étions prêts à le revoir dans ce sanctuaire des lettres et du goût, dont il étoit le plus ferme soutien ; lui-même se félicitoit n'aguères encore de cette réunion si désirée; mais la mort a trompé nos vœux et les siens, Puissent au moins se conserver à jamais les traditions des grands modèles qu'il sut interprêter avec une raison si éloquente! Puissent - elles, mes chers confrères, en formant de bons écrivains qui le remplacent, donner un nouvel éclat à cette Académie française qu'illustrèrent tant de noms fameux depuis cent cinquante ans, et que vient de rétablir un grand homme, si supérieur à celui qui l'a fondée !

L.

XIII.

Reflexions sur le même sujet.

LA secte prétendue philosophique a toutes les pas

sions du fanatisme : esprit ardent de prosélitisme, haine furieuse contre ceux qui abandonnent sa livrée, désertent ses drapeaux. Si surtout quelque homme célèbre, désabusé des dangereux principes qu'elle

prêche, effrayé des funestes conséquences qu'on en tire, abjure les uns et gémit sur les autres, en les détestant; vous voyez aussitôt les adeptes acharnés contre lui, le traiter comme un renégat, donner à sa conduite les interprétations les plus absurdes, appeler des noms les plus odieux cette fermeté courageuse qui lui fait désavouer ses erreurs passées, et les expier par la profession franche et ouverte de nouveaux sentimens et de principes plus purs; enfin, comme rien n'est plus aisé que la calomnie, sur-tout lorsqu'on se soucie fort peu d'y garder aucune mesure, aucun caractère de vraisemblance, vous les voyez calomnier ses intentions, ses motifs, sa bonne foi : ils dénaturent tout, ils corrompent tout, ils empoisonnent tout, semblables à ces harpies dont le soufle impur ou l'odieux contact infectoit tous les objets dont elles approchoient.

M. Laharpe méritoit les honneurs de cette persé→ cution et de cette intolérance philosophiques. Attaché pendant trente ans au char de la philosophie, il a travaillé de tous ses moyens à le renverser, pendant les dix dernières années de sa vie. L'immoralité profonde que les sages du dix-huitième siècle avoient introduite dans toutes les classes de la société, en prêchant l'oubli ou le mépris de tous les devoirs, de tous les principes religieux; l'aspect de la France livrée à des bourreaux, déshonorée par des excès féroces; des réflexions sur lui-même et sur tant d'autres victimes des systèmes philosophiques; voilà, aux yeux de tout homme raisonnable, de tout homme qui n'est aveuglé par aucune passion, des motifs humains suffisans pour ab→ jurer une doctrine dont les résultats étoient si funestes, et pour adopter celle qui, indépendamment de tant d'autres preuves de vérité, étoit la plus propre à y remédier pour le présent,et à en préserver pour l'avenir;

velles, mais elles ont encore adouci lès souffrances de ses derniers jours. Le Dieu qu'adoroient Fénélon et Racine a consolé, sur le lit de mort, leur éloquent panégyriste et l'héritier de leurs leçons. Les amis, qui l'ont vu dans ce dernier moment où l'homme ne déguise plus rien, savent quelle étoit la vérité de ses sentimens ; ils ont pu juger combien son cœur, en dépit de la calomnie, renfermoit de droiture et de bonté. Déjà même des sentimens plus doux étoient entrés dans ce coeur trop méconnu, et si souvent abreuvé d'amertumes. Les injustices se réparoient. Nous étions prêts à le revoir dans ce sanctuaire des lettres et du goût, dont il étoit le plus ferme soutien ; lui-même se félicitoit n'aguères encore de cette réunion si désirée; mais la mort a trompé nos vœux et les siens, Puissent au moins se conserver à jamais les traditions des grands modèles qu'il sut interprêter avec une raison si éloquente! Puissent - elles, mes chers confrères, en formant de bons écrivains qui le remplacent, donner un nouvel éclat à cette Académie française qu'illustrèrent tant de noms fameux depuis cent cinquante ans, et que vient de rétablir un grand homme, si supérieur à celui qui l'a fondée !

L.

XIII.

Réflexions sur le même sujet.

LA secte prétendue philosophique a toutes les pas

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sions du fanatisme esprit ardent de prosélitisme, haine furieuse contre ceux qui abandonnent sa livrée, désertent ses drapeaux. Si surtout quelque homme célèbre, désabusé des dangereux principes qu'elle

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