ÉCOLE FRANÇAISE. ................ N. POUSSIN. ******** GAL. DE L'ERMITAGE.

Ce sujet est un de ceux que Poussin s'est plu à répéter, en changeant la composition et l'agencement de ses figures. Déja, sous le n° 70, nous avons parlé de cette scène de fureur et d'amour de l'enchanteresse Armide, et nous ne répéterons pas ce que nous avons cru nécessaire de dire alors, pour faire connaître la situation des personnages. Dans le premier tableau, Poussin a représenté Armide un poignard à la main, et voulant faire périr Renaud; ici elle a cédé au pouvoir de l'Amour, tout souvenir de vengeance est oublié, la tendresse a remplacé la haine. Sur le devant, à droite, est une figure qui désigne le fleuve Oronte; dans le fond, du même côté, on aperçoit la colonne sur laquelle est l'inscription fallacieuse qui a engagé Renaud à aborder dans l'île d'Armide.

Le coloris de ce tableau est très brillant, et l'expression fort remarquable. La figure de Renaud explique facilement le changement subit des sentimens d'Armide; elle contemple avec délices ce visage si gracieux qu'un songe flatteur paraît animer, cette chevelure ondoyante qui n'est plus enfermée sous le casque, et ces formes si nobles que l'abandon du sommeil rend plus agréables encore. Quelques personnes ont critiqué la figure d'Armide, qui, suivant elles, devrait être plus svelte, pour se conformer aux intentions du Tasse.

Ce tableau fait maintenant partie de la galerie de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Larg., 4 pieds 6 pouces; haut., 3 pieds 1 pouce.