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à Sichem il y a plus d'une dizaine de lieues, p. 138. L'auteur luimême dit, p. 130, que de Jérusalem à Sichem, il y a quatorze lieues; or, Hébron est plus éloigné de Sichem que ne l'est Jérusalem. M. l'abbé Quentin, dans la transcription des noms propres, a tantôt conservé l'orthographe de la Vulgate, Jacob, Rachel, et tantôt il a reproduit l'orthographe du texte hébreu actuel : Léah, au lieu de Lia; Schiméon au lieu de Siméon; Yeoudah au lieu de Juda, etc. Ce mélange est difficile à expliquer. Le texte est illustré de vingt-neuf gravures « empruntées aux tableaux des peintres les plus célèbres. » On eût aimé de savoir à quels peintres sont empruntées chacune de ces gravures, d'autant plus qu'elles sont fort bien exécutées et dignes de tout éloge.

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6. L'Étude critique sur la composition de la Genèse, de M. P. Julian, expose d'abord l'état de la question et la méthode à suivre pour la résoudre. Une première partie a pour objet les principes tirés de la doctrine catholique qui peuvent servir à apprécier le système documentaire. La seconde partie est une appréciation du système documentaire lui-même. Ce système, tel qu'il est admis par les rationalistes, consiste à supposer que la Genèse est composée de documents divers, à une époque postérieure à Moïse; il est par conséquent la négation de l'authenticité de la Genèse. « Pour l'authenticité du Pentateuque, dans le sens propre du terme, dit M. Kuenen, il ne peut plus en être question. » M. Julian montre très bien que l'Église n'a jamais admis et ne peut admettre un tel système, qui est le renversement de la tradition et ne s'appuie sur aucune preuve péremptoire. L'auteur établit ce dernier point en examinant successivement les arguments allégués par les rationalistes, la diversité des noms de Dieu, les différences de style, celle du point de vue des divers documents, ce qu'ils appellent les incohérences, les redites, les contradictions, la suite que présentent les morceaux élohistes et les morceaux jého vistes indépendamment les uns des autres. Enfin, M. Julian fait ressortir que le système documentaire est incompatible avec l'unité admirable de la Genèse, unité de fond, unité de plan, unité dans chaque partie. Tout cela est bien présenté et bien exposé, malgré l'aridité et la difficulté de la matière, quoiqu'on puisse désirer peut-être que l'auteur se fût étendu plus longuement qu'il ne l'a fait sur la réfutation directe du système rationaliste.

7. Au sujet des premiers chapitres de la Genèse, signalons une Lettre de M. d'Anselme de Puisaye au R. P. Domenech des religieux de Notre-Dame de Lourdes. Elle a pour objet principal de relever quelques assertions de M. François Lenormant, dans ses Origines de l'histoire. Plusieurs des observations de l'auteur sont justes et fondées, mais ses étymologies et ses explications étymologiques sont arbitraires.

8. La Sainte Bible avec commentaires, publiée par la librairie Lethielleux, est depuis quelque temps complètement achevée (sauf les tables) et nous indiquons à leur place dans ce compte rendu les derniers volumes parus. C'est une des publications les plus importantes qui aient été faites en France en notre siècle et tous ceux qui s'intéressent aux études bibliques ne peuvent que féliciter les auteurs et l'éditeur d'avoir mené à bonne fin et en un temps relativement court une entreprise aussi considérable. Ils ont rendu un grand service à l'exégèse et leur œuvre contribuera de plus en plus certainement à ranimer l'amour et le goût des Saintes Écritures dans notre pays.

Par une circonstance qui peut paraître d'abord surprenante, mais qui s'explique sans doute par la difficulté du sujet, c'est par la publication du commentaire de la Genèse, des Nombres et du Deutéronome que se termine ce grand travail. La Genèse a été commentée par M. l'abbé Crelier. Son travail est précédé d'une Introduction générale au Pentateuque, traitant surtout de l'authenticité et de la véracité de la grande œuvre de Moïse, question aujourd'hui si capitale. L'auteur s'attache surtout, et avec raison, à réfuter M. Wellhausen. L'introduction générale est suivie d'une introduction particulière à la Genèse et qui est forte courte. M.Crelier entre ensuite dans le commentaire proprement dit, marquant nettement toutes les divisions et subdivisions logiques du texte, et l'expliquant verset par verset. Ses notes sont instructives et intéressantes et elles répondent bien généralement à ce que la majorité des lecteurs a le besoin ou le désir de savoir. Elles ont le développement convenable, soit pour le récit de la création, soit pour l'histoire du déluge, soit pour tous les autres faits, les explications sont en proportion de l'importance du sujet. Le style est parfois un peu trop familier, comme par exemple, lorsque l'auteur traduit la prophétie de Noé sur Japhet: « Que Dieu fasse du large à Japhet, » mais le mérite du commentaire n'a pas à en souffrir pour le fond. Le commentaire des Nombres et du Deutéronome est l'œuvre de M. l'abbé Trochon, à qui est dû aussi le commentaire de tous les prophètes et l'Introduction générale. Les deux commentaires sont brochés ensemble, mais portent une pagination différente. Les Nombres et le Deutéronome sont précédés chacun d'une introduction particulière, plus développée que celle de la Genèse de M. l'abbé Crelier. En revanche, ses notes sont moins développées, mais elles sont suffisantes, parce que le sujet ne demandait point d'aussi longues explications. Elles sont aussi exactes.

9.

10. Pour que la Sainte Bible reproduisit complètement les éditions ordinaires de la Vulgate, M. Lethielleux a fait imprimer dans le même format le texte latin de la Prière de Manassé, du troisième et du quatrième livres d'Esdras, avec diverses tables qu'on place ordinairement à la fin de la Bible.

11.

Mgr Meignan, archevêque de Tours, continue la série de ses publications sur les prophéties messianiques par un volume sur David, roi, psalmiste, prophète. L'ouvrage s'ouvre par une Introduction sur la nouvelle critique, dans laquelle l'éminent prélat fait ressortir les défauts de cette critique, en particulier dans l'Histoire du peuple d'Israël de M. Renan, qui est jugée et appréciée comme elle doit l'être. Le corps de l'ouvrage est divisé lui-même en quatre parties: 1o vie de David; les faits dans leur suite et dans leur ensemble; 2° importance du règne et des institutions de David au point de vue messianique; 3° David psalmiste; 4 David prophète. Ces deux dernières parties sont naturellement celles qui occupent la plus large place, la quatrième surtout. David nous est montré comme le principal auteur des Psaumes, et le caractère messianique de ces chants sacrés est mis en évidence. Mgr Meignan étudie ensuite en détail les principaux Psaumes prophétiques, ceux d'abord dans lesquels sont annoncées les douleurs du Messie, c'est-à-dire les Psaumes XV, XXXIX, LXVIII et XXI, et ensuite ceux dans lesquels sont annoncés les triomphes du Sauveur, c'est-à-dire les Psaumes II, CXVII, VIII, XLIV, LXXI et CIX. Sur chaque psaume, il y a une exposition, avec la traduction du texte sur l'original hébreu, des appréciations critiques et un commentaire. C'est là la partie capitale de l'œuvre de Mgr l'archevêque de Tours, dans laquelle il montre toute sa science exégétique et tout son talent de commentateur. Voir, par exemple, la manière péremptoire dont il justifie, pages 311 et suivantes, la leçon adoptée par l'Église : « Ils ont percé mes pieds et mes mains, » dans le Psaume XXI. Chacun lira avec le plus grand fruit et l'Introduction préliminaire et la vie de David et ces savants commentaires.

12.

Le Cursus Scripturæ sacræ, publié par les Pères Jésuites allemands à la librairie Lethielleux, se poursuit avec une grande régularité. Nous avons à annoncer aujourd'hui le Commentaire du prophète Ezechiel, par le P. Knabenbauer. Tout le monde sait que le prophète Ézéchiel a la réputation d'être le plus obscur et le plus difficile de tous. Le savant commentateur s'est tiré tout à fait à son honneur de cette rude tâche. Après une brève introduction, dans laquelle il dit quelques mots de la personne du prophète, de son livre, de son style et des commentaires publiés sur ces prophéties, il entre en matière et explique chaque verset avec beaucoup de soin, donnant toutes les divisions et subdivisions utiles pour l'intelligence du texte. Il discute à l'occasion les diverses opinions des commentateurs et se prononce pour celle qui lui paraît la mieux fondée. Ce commentaire fait faire un véritable progrès à l'interprétation du troisième grand prophète et il a de grands avantages sur les commentaires antérieurs. Ézéchiel ayant écrit en Chaldée, son livre est plein d'allusions plus ou moins directes

à ce qu'on voyait dans ce pays. Le P. Knabenbauer s'est appliqué à profiter des ressources que lui offrait l'assyriologie pour éclaircir un grand nombre de points demeurés jusqu'ici plus ou moins obscurs. Ayant l'avantage de compter parmi ses confrères un des plus éminents assyriologues de nos jours, le P. Strassmaier, il l'a souvent mis à contribution, et il a ainsi enrichi son commentaire d'une foule de remarques neuves et très précieuses. Signalons entre les points particulièrement étudiés avec succès la fameuse description des Cherubins et celle du nouveau Temple. Une représentation du lion chaldéen à tête humaine et plusieurs plans figurant le nouveau Temple et ses dépendances, sont placés à la fin du volume et permettent de se rendre compte par les yeux de ce qui est expliqué dans le cours du commentaire.

13. M. l'abbé Fillion a complété son grand travail sur les Évangiles par une Introduction générale. Après avoir consacré un volume de commentaire à chacun des quatre Évangélistes, il nous donne dans cette introduction les renseignements généraux qui s'appliquent aux quatre Évangiles. Il explique tout d'abord le mot évangile, il traite ensuite de leur nombre, de leur ordre, de leur titre et de leur contenu. Un des paragraphes les plus intéressants de ce travail, est celui qui a pour objet les rapports des quatre Evangélistes entre eux. On sait que l'explication des ressemblances souvent verbales, qui existent entre les trois premiers Évangiles sont un des problèmes les plus débattus entre les critiques, sans qu'on soit parvenu encore à découvrir une solution qui s'impose à tout le monde. M. Fillion se prononce pour la tradition orale, c'est-à-dire pour une tradition qui se forma de bonne heure sur l'histoire de Notre-Seigneur, et qui fut fixée, non seulement pour les faits, mais aussi pour les termes, de telle sorte cependant que cette tradition n'était pas partout absolument identique mais présentait çà et là, dans l'expression et dans l'arrangement des détails et des faits, des variantes plus ou moins accentuées. Saint Matthieu, saint Marc et saint Luc se sont servis de cette tradition pour composer leur Évangile; leur récit se ressemble, toutes les fois que leur source était identique en tous lieux; ils diffèrent, quand elle avait subi des modifications ou lorsqu'ils ne s'astreignaient pas à la suivre servilement. Après avoir ainsi résolu ce problème, M. Fillion traite les questions de la chronologie des Evangiles, de leur texte primitif, de leur divinité, de leur beauté, etc. Tout ce qui a trait à l'introduction générale des Évangiles est ainsi examiné tour à tour avec rdre, clarté et précision. On peut ne pas accepter toutes les solutions ue propose M. Fillion, mais l'éloge de l'auteur n'est plus à faire. Ses commentaires des Evangiles jouissent de la réputation la plus solide et la plus méritée, et son nouveau travail ne fera que la confirmer.

14.

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L'évêque anglican de Salisbury, le Révérend Jean Wordsworth, a commencé, avec la collaboration de M. White, la publication d'une édition critique de la revision latine du Nouveau Testament par saint Jérôme. Le premier fascicule de la première partie contient l'Évangile de saint Matthieu. Il paraît après plus de dix ans de préparation. Une savante préface, tenant présentement lieu de prolégomènes, en attendant pour la fin de l'œuvre des prolégomènes plus détaillés, nous renseigne exactement sur tout ce qui se rapporte à l'édition nouvelle, aux manuscrits et aux éditions du texte revu par saint Jérôme, etc. Les nouveaux éditeurs donnent d'abord le texte de saint Matthieu, tel qu'ils l'ont constitué d'après l'étude comparée des meilleurs monuments, en tête desquels figure le Codex Amiatimes. Ils reproduisent ensuite au dessous, au milieu de la page, le Codex Brixianus, parce que c'est celui qui se rapproche le plus du texte suivi par saint Jérôme dans son commentaire des Évangiles. Toutes les leçons diverses sont placées au bas des pages, avec l'indication des manuscrits, comme dans les éditions critiques du Nouveau Testament grec de Tischendorf. L'ouvrage est imprimé par la Clarendon-Press à Oxford. Cette édition critique, faite avec tant de soin et de science, rendra les plus grands services à l'exégèse du Nouveau Testament.

15. La librairie Gaume vient de publier à part une nouvelle édition de la traduction des Actes des Apôtres, par M. l'abbé Gaume, chanoine de Paris. Les Actes des Apôtres sont bien certainement, avec et après les Évangiles, ce qu'il y a de plus utile à faire lire de nos jours dans les saintes Écritures, pour faire connaître les origines de l'Église et instruire les fidèles. La traduction de M. l'abbé Gaume est bien faite; les notes, assez abondantes, sont bonnes; on pourrait désirer seulement qu'il y en eût davantage d'historiques et de géographiques. Pour quelques petits détails, l'édition est en retard. Ainsi, à propos du scribe d'Éphèse, au chapitre XIX, verset 35, il est dit en note: « On ne sait pas bien quel était ce magistrat. » On le sait aujourd'hui, depuis qu'on a relevé et publié les inscriptions découvertes dans les fouilles d'Éphèse. La traduction de M. Gaume a été approuvée par le cardi

nal Morlot.

16. La librairie Gaume publie aussi en un petit volume, une nouvelle édition (la vingt-troisième) des Épitres et Évangiles des dimanches et des fêtes, suivis de messe, vêpres, complies et prières du salut, avec introduction, sommaires et notes. La traduction est celle de M. l'abbé Gaume, dont nous venons de parler; les notes qui l'accompagnent sont également du même auteur et extraites de son édition complète du Nouveau Testament. L'introduction est spécialement adressée aux enfants, à qui le volume est surtout destiné. C'est sans doute à cause de cette destination qu'on ne trouve pas dans le volume les Épîtres et

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