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3 fr. 50.

14. Cause efficiente et Cause finale, par DOMET DE VORGES. Paris, bureaux des Annales de philosophie, 1889, in-8 de 126 p. 15. La Philosophie chrétienne du concile de Vienne, par Un ancien directeur de grand séminaire. Paris, RetauxBray, 1889, in-12 de 261 p., 2 fr. 50.

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MORALE. 16. Principes de philosophie morale, suivis d'éclaircissements et d'extrails de lectures, par JULES THOMAS, professeur au lycée d'Annecy. Paris, F. Alcan, 1890, in-8 de vш-364 p., 3 fr. 50. 17. Le Pouvoir social et l'Ordre économique, par le R. P. G. DE PASCAL, docteur en théologie. Lyon, Vitte et Perrussel, 1889, in-12 de 143 p., 2 fr. 18. A travers la vie, esquisse de la vie morale et sociale, par GUST. COSTE. Paris, Bloud et Barral, s. d., in-8 de 189 p., 1 fr. 50. 19. GIUS. CIMBALI, La Volontà umana, in rapporto all' organismo naturale, sociale e giuridico. Roma, Fratelli Bocca, 1889, gr. in-8 de 130 p., 3 fr. HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE. 20. Saint Thomas d'Aquin et la Philosophie chrétienne, études de doctrines comparées, par le R. P. ELISÉE-VINCENT MAUMUS, des FF. PP., docteur en théologie. Paris, Lecoffre, 1890, 2 vol. in-12 de XLIV-506 et 450 p., 7 fr. – 21. R. P. Hipp. GAYRAUD, des FF. PP. Thomisme et Molinisme. 1re partie: Préliminaires historiques, et Critique du molinisme. Toulouse, Privat; Paris, Lethielleux, 1889, in-12 de vm-260 p., 1 fr. 50. — 22. Histoire de la philosophie pendant la Révolution, par M. FERRAZ, correspondant de l'Institut. Paris, Perrin, 1889, in-12 de xx-388 p., 3 fr. 50. 23. La Psychologie de l'effort et les doctrines contemporaines, par ALEXIS BERTRAND, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Lyon. (Bibliothèque de philosophie contemporaine.) Paris, F. Alcan, 1889, in-12 de 203 p., 2 fr. 50. 24. La Philosophie de Lamennais, par PAUL JAnet, membre de l'Institut. (Même bibliothèque.) Ibid., 1890, in-12 de 158 p., 2 fr. 50. 1. — M. l'abbé Élie Blanc, professeur de philosophie à l'Institut catholique de Lyon, nous a donné en français un Traité de philosophie scolastique, que beaucoup de personnes réclamaient et qui prendra une bonne place dans les bibliothèques sérieuses. C'est un livre non de recherches originales, mais de vulgarisation bien entendue, tenant le milieu entre les abrégés secs et décharnés et les travaux trop développés pour la mesure d'attention et de loisir qui appartient d'ordinaire aux laïques lettrés. Le cours embrasse toutes les parties de la science et toutes les questions vraiment importantes qui s'y rattachent. Il est méthodique et constamment fidèle aux procédés scientifiques, sans appareil oratoire, sans préoccupations littéraires. Mais la langue et le style, tout en usant au besoin des termes et des formules techniques, restent toujours clairs et vraiment français. A cet éloge, déjà unanimement accordé, je crois, à l'œuvre, du savant professeur, il suffira d'ajouter quelques mots sur les diverses parties qui la composent. Le Vocabulaire philosophique placé en tête du premier volume sera tout d'abord une des meilleures recommandations de l'ouvrage. Non qu'il soit précisément nécessaire pour le lire avec fruit; la rédaction du cours tout entier a trop de précision et d'ordre pour requérir le secours d'un glossaire spécial. Mais ce cours sera quelquefois consulté directement à tel ou tel passage, et dans des cas pareils il sera plus commode de chercher l'explication d'un terme dans le Vocabulaire que dans le chapitre afférent. De plus et surtout, ce répertoire sera d'une grande utilité dans la lecture des philosophes soit anciens, soit modernes ou tout à fait contemporains, pour les personnes qui ne sont pas rompues par état à l'étude des diverses écoles de philosophie.

La logique et la métaphysique générale, qui occupent le reste du premier volume, sont à la fois d'un scolastique solide et d'un bon connaisseur de la philosophie moderne; c'est assez dire pour les recommander. On pourra se plaindre pourtant de ne pas trouver dans la logique, d'ailleurs pleine de discussions bien menées sur les systèmes les plus modernes, la partie vraiment utile de Stuart Mill (méthode expérimentale) et la théorie de l'hypothèse (Cl. Bernard, E. Naville).

La cosmologie et la psychologie, renfermées dans le second volume, sont peut-être la partie la plus intéressante du cours entier, parce qu'elles s'éloignent plus que le reste de l'enseignement ordinaire des collèges, en traduisant la vraie doctrine scolastique dans un langage accessible à tous, sans écarter même les questions les plus abstraites, comme celle du principe d'individuation. Ce qui contribue le plus à la clarté dans ces délicates études, c'est l'ordre qui règne dans la disposition des matières. Toutefois la régularité même de la marche suivie par l'écrivain produit, je crois, un inconvénient, mais qui sera facile à corriger. Les divisions principales devraient, pour faciliter l'usage du livre, se détacher et s'imposer à l'œil, tandis qu'elles ne sont que dans le texte ou dans les têtes de chapitres : la psychologie même ne se détache pas autrement de la cosmologie qui la précède.

Après la théodicée, qui ouvre le dernier volume, et où M. Blanc résume très bien la doctrine traditionnelle, sans prendre parti sur les difficiles questions qui divisent l'École, vient la morale très judicieusement exposée dans toute son étendue, tandis que beaucoup de manuels scolastiques sont absolument insuffisants de ce côté. Peut-être l'auteur, en donnant place, en appendice, à un traité du P. de Pascal sur l'Ordre économique (dont je dirai un mot plus loin), s'est-il départi plus que de raison de sa prudence ordinaire au sujet des questions sur lesquels l'enseignement traditionnel n'est pas fixé.

Quoi qu'il en soit, aux gens du monde et j'en connais qui demandaient une philosophie thomiste en français et dans le génie français, et qui ne reconnaissaient pas ce caractère dans des traductions comme celles de Cornoldi et de Sanseverino, nous dirons désormais lisez le Traité de philosophie scolastique de M. l'abbé Blanc.

2. M. Bossu, professeur de philosophie et de religion à l'Université de Louvain, n'a pas poursuivi le même but ni rempli le même programme dans son remarquable Sommaire de philosophie. Ce livre, destiné à un enseignement complémentaire des études universitaires. spéciales et non à des étudiants de philosophie, n'a pas d'attache formelle à telle ou telle école, pas même au péripatétisme traditionnel; on pourra même y trouver sans grand effort quelques traces des doctrines qui étaient en faveur à Louvain, il y a une trentaine d'années, et qui, depuis, ont cédé le pas aux théories scolastiques. Mais en se

plaçant surtout en face de la science moderne, pour armer ses auditeurs contre les erreurs et les illusions qui s'abritent sous ce faux titre, M. Bossu ne pouvait guère se préoccuper du développement par trop compliqué de la philosophie thomiste, dont pourtant il se rapproche (d'autres diront qu'il s'en éloigne) sur les points les plus essentiels : matière et forme, explication de la connaissance. L'ensemble de cette exposition est frappant de vigueur et d'unité. Après des préliminaires sur la nature et l'importance de la philosophie, vient une étude du moi, de ses actes et de son essence, étude dans laquelle s'encadre un court résumé de logique. Une seconde partie étudie les données des sens, l'essence des corps, la distinction et les rapports du corps et de l'âme. Une troisième et dernière partie la Raison proprement dite, traite des idées et de Dieu. La forme est, non pas précisément oratoire, mais parlée; elle a les avantages de la parole familière : vivacité, variété, chaleur communicative; et aussi ce que quelquesuns en appelleraient les inconvénients: accent très personnel, saillies et boutades, que pour ma part j'absoudrais sans hésiter. En somme, l'auteur a bien rempli le programme que lui imposa Mgr Laforêt, recteur de l'Université catholique belge, lorsqu'il institua en 1865 ce cours de philosophie générale « Rien d'aride, rien de banal surtout. Il faut intéresser. Et ne perdez pas de vue que la plupart de vos auditeurs sont de la Faculté des sciences. L'ennemi, c'est le matérialisme. »

Il n'est pas moins vrai que ce livre pourra être suspect à quelques esprits, faute de porter, pour ainsi dire, la livrée de la scolastique. Mais si l'on tient compte, d'une part, du but spécial qu'il poursuit, et si, d'autre part, on veut bien se rappeler que tout ce qui n'est pas pris du thomisme n'est point par là même antithomiste, je me permets de croire qu'il n'y aura pas de ce chef d'objections bien graves contre la philosophie de M. Bossu. J'avoue que son dynamisme peu dissimulé, quoique nullement érigé en certitude philosophique, s'écarte du péripatétisme; mais quant à sa doctrine, bien plus importante, sur les idées rationnelles et sur la démonstration par ces idées de l'existence de Dieu, il n'est aucunement nécessaire de la taxer d'ontologisme, et il est aisé de lui trouver des appuis dans la philosophie traditionnelle la plus autorisée.

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3. Passons au Cours de philosophie, beaucoup plus volumineux et beaucoup plus technique, du R. P. Castelein, jésuite, dont le second volume Psychologie vient de paraître. On sait déjà, si l'on n'a pas oublié la page consacrée ici même au tome premier (t. LIII, p. 523), que ce cours unit à une sage liberté scientifique le mérite d'un attachement ́marqué à la tradition. Le volume actuel, dont le plan n'est pas calqué sur celui des manuels ordinaires, renferme d'abord une Psychologie fondamentale, qui ne dépasse pas la page 276, puis des Notions com

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plémentaires qui vont jusqu'à la fin (p. 694). La première partie renferme en douze thèses, où les vraies doctrines sont constamment prouvées par des arguments en forme et vengées des difficultés et des erreurs opposées, les graves problèmes de la méthode psychologique, de l'âme et de la vie, de l'union de l'âme et du corps, des facultés psychologiques, de la connaissance soit sensible, soit intellectuelle, de la liberté, de la spiritualité, de la destinée de l'âme.

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Dans la seconde partie qui, quoique accessoire, sera le principal attrait de ce gros volume, on trouve : 1o des notions sur les organes du corps humain et leurs fonctions (p. 279-405) ; une planche de figures accompagne cette physiologie, dont l'étendue et la portée scientifique montrent bien que les défenseurs de la psychologie traditionnelle font une assez large part à ce que l'on nomme aujourd'hui psychophysique; 2o un curieux et important travail intitulé: La Psychologie scolastique et les Découvertes de la physiologie (407-575). L'auteur a suivi de près la marche de la science moderne, et là où le matérialisme a cru trouver des appuis pour ses négations, il a vu, lui, la confirmation des six thèses auxquelles il ramène la doctrine psychologique de l'École : finalité, spontanéité, substantialité de l'âme (y compris la doctrine du composé humain); distinction radicale du subjectif et de l'objectif, du spirituel et du sensible, de l'homme et de l'animal. Ai-je besoin de dire quel intérêt et quel profit trouveront à la lecture de ce beau travail tous les amis, novices ou passés maîtres, de nos vieilles doctrines, qui sont précisément les mieux appropriées aux données certaines d'une science toute jeune? 30 La Psychologie scolastique et l'Hypnotisme (577-694). Cette étude offre d'abord une histoire assez complète de l'hypnotisme et des principales théories auxquelles il a donné lieu. Quant à la doctrine propre à l'auteur, elle est peu affirmative, mais très nettement et très solidement opposée aux théories antispiritualistes du moment. Il est bon de noter aussi, en face de certaine explication exclusivement extranaturelle de l'hypnose, ces sages et graves paroles du P. Castelein : « Nous ne saurions admettre que la science et la pratique de l'hypnotisme puissent être en soi une chose mauvaise, qui mérite d'être livrée par Dieu à l'action et à la direction de l'esprit mauvais. Admettre qu'il en est ainsi serait superstition. » —- On le voit, ce volume, rédigé surtout en vue de l'enseignement, intéresse bien d'autres lecteurs que les étudiants en philosophie.

4. M. Hernández, professeur à l'Université de Saragosse, continue la série de ses Principes de métaphysique (voyez le Polybiblion de novembre dernier, LVI, 393) par une Psychologie, exécutée d'après la même méthode, dans le même esprit et avec la même compétence que son Ontologie. L'auteur, on le sait, appartient à l'ecole traditionnelle, aujourd'hui représentée en Espagne par plusieurs des membres les

plus distingués du haut enseignement. Il est donc inutile d'exposer ici la doctrine de son traité de l'âme. Mais il faut y signaler l'adaptation très personnelle de cette doctrine aux besoins actuels de la pensée. Quatre chapitres entiers, au début de l'ouvrage, sont consacrés à faire connaître l'état présent des études psychologiques et à établir, en face du positivisme, la légitimité et les conditions de la psychologie considérée comme science. L'étude des facultés est dirigée dans le même sens, et à l'inverse de beaucoup de manuels néoscolastiques moins exacts sur ce point, les questions métaphysiques du principe des facultés et de la nature de l'âme n'arrivent qu'après cette étude expérimentale et analytique. Ainsi l'excellent maître, tout en fournissant peu à peu aux étudiants universitaires les diverses parties d'un cours complet de métaphysique à la fois très solide et très clair, poursuit. efficacement la guerre qu'il a déclarée dès ses débuts à la grande erreur de notre temps, au positivisme. Puissent la faveur du public philosophique et l'amélioration d'une santé fortement ébranlée lui permettre d'achever à bref délai ce beau cours de métaphysique, pour reprendre ensuite et mener à bonne fin ses Études critiques sur la philosophie positive!

5.

Le R. P. de Bonniot, dont la philosophie chrétienne déplore la perte récente, avait pris une place à part dans les rangs de l'apologétique scientifique, surtout par sa profonde connaissance des découvertes physiologiques de notre siècle. Il portait d'ailleurs une rare facilité d'intuition et d'analyse dans les questions de cet ordre et savait les exposer sous une forme nette et lumineuse, relevée au besoin par l'imagination et par l'esprit. A ses débuts, peut-être ces qualités littéraires dominaient-elles un peu trop la sévérité inhérente à de tels sujets; mais la solidité et la vigueur scientifiques avaient peu à peu repris tous leurs droits, sans diminuer l'agrément réel des livres du savant jésuite. A ces livres, il n'a manqué, ce me semble, pour être des œuvres parfaites, qu'un surcroît de travail attentif pour ordonner plus sévèrement et surtout pour condenser et affermir l'exposition et la discussion; le détail est parfois trop touffu et le développement trop complaisant. Et pourtant, même par la composition et la rédaction, je ne vois en ce genre rien de supérieur dans notre littérature religieuse contemporaine.

Mais voici bien celle de ses œuvres qui mérite de couronner toutes les autres et de consacrer à jamais le nom du P. de Bonniot dans l'histoire de l'apologétique et de la philosophie chrétienne. On trouve, en effet, dans l'Ame et la Physiologie plus de substance scientifique et de résultats décisifs sur la question suprême de la science de l'homme, que dans tous les travaux qui avaient précédé et préparé celui-ci ; et quoique ce dernier livre semble encore avoir été rédigé un peu hâti

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