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ref. Vignands hit. 1-22-1428

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Lorsqu'au mois de juillet 1866 je publiai la première livraison de ce Catalogue, et que j'en promis l'achèvement dans l'espace de deux à trois ans, j'étais certes loin de m'attendre à ce que cinq années s'écouleraient avant que j'eusse la satisfaction de voir l'ouvrage terminé. Je dois demander pardon à mes souscripteurs de ce retard, qui, je n'hésite pas à l'avouer, est surtout la conséquence d'une erreur d'appréciation de ma part: je m'étais complétement mépris sur l'importance du travail, à tel point que je me demande aujourd'hui: L'aurais-je jamais entrepris si j'en avais prévu toute l'étendue et toute la difficulté ?

Pour un dernier retard seulement, celui d'un an environ, qu'a subi la publication de la 16e livraison, je puis faire valoir l'excuse de la force majeure. La moitié de cette livraison était composée, lorsque Strasbourg, où l'ouvrage a été imprimé, fut investi par l'armée allemande et que mon imprimeur se trouva dans l'impossibilité de m'expédier le reste des épreuves, et lorsque, après le siége de Strasbourg, il eût pu me les envoyer, je me trouvais à mon tour assiégé dans Paris où je ne pouvais plus les recevoir; et à peine la poste avaitelle repris son service après la conclusion de la paix, que la désastreuse insurrection du 18 mars, suivie d'un second siége de deux mois, interrompit de nouveau les communications. L'impression a donc été forcément suspendue depuis le commencement de la guerre jusqu'à la fin du mois de mai dernier, interruption d'autant plus regrettable que j'étais plus près du port. Toutefois je dois encore m'estimer heureux que le manuscrit de la partie non imprimée, qui se trouvait nécessairement à l'imprimerie, n'ait pas été détruit par le bombardement de Strasbourg, car je me figure difficilement comment j'aurais pu refaire cette partie du travail.

Voilà pour le retard, qu'on excusera certainement, surtout si l'on veut bien prendre en considération qu'il est encore bien moins long que ceux qu'ont subis d'autres publications analogues.

Quant à la rédaction, je m'en suis rigoureusement tenu au plan que je m'étais tracé dès le commencement1; j'ai même résisté à toute tentation d'élar

1. Voir l'Avant-Propos du 1er volume.

gir le cadre et de comprendre dans les dernières parties du livre les titres des ouvrages publiés après 1865, ce qui n'a pas été sans peine et m'a attiré bien des réclamations de la part des auteurs. Beaucoup d'entre eux n'ont jamais voulu comprendre pourquoi j'annonçais leurs anciens ouvrages auxquels ils attachaient moins d'importance, qui souvent même étaient épuisés, tandis que je refusais d'annoncer leurs dernières publications dont tout le monde s'occupait. Si je suis sorti quelquefois de mon cadre, ç'a été seulement pour annoncer quelques-uns des ouvrages dont la publication avait commencé avant 1865 dans l'état où ils se trouvaient au moment de l'impression de la feuille respective de mon Catalogue, ou bien pour ajouter aux noms des auteurs les changements dans leurs positions survenus depuis 1865, ou la date de leur décès à ceux morts depuis cette époque.

A défaut d'autres mérites, mon livre aura donc au moins celui d'être rédigé, du commencement à la fin, d'une manière parfaitement homogène et d'après un plan bien déterminé.

J'ai continué jusqu'à la fin l'envoi des épreuves aux auteurs ou à leurs éditeurs, autant que les uns ou les autres étaient trouvables, et je reconnais avec gratitude que, dans ce travail pénible, j'ai été assisté avec empressement par un grand nombre de mes confrères, à Paris aussi bien qu'en province ou à l'étranger, et même par quelques amateurs qui m'ont spontanément offert leur concours pour me procurer des renseignements souvent importants. J'ai distribué dans ce but environ 10,000 lettres, et malgré l'énorme dépense en frais de poste et l'accablant travail que m'ont causés cette correspondance et le dépouillement des réponses, je ne regrette qu'une chose : c'est que ces lettres ne me soient pas toutes revenues: 2,000 environ ont manqué à l'appel! Mais les 8,000 qui me sont revenues m'ont apporté un précieux contingent de renseignements et de rectifications, de sorte que mon Catalogue n'offre pas uniquement l'avantage d'un classement commode d'une matière éparpillée dans un grand nombre de recueils, mais qu'il renferme aussi une foule de renseignements puisés à la source même et qui, par conséquent, ne se trouvent pas ailleurs.

Les loisirs forcés que m'a faits la guerre m'ont permis de relever quelques chiffres qui ne manquent pas d'intérêt et que je veux communiquer ici :

La nomenclature du Catalogue se compose de 29,842 noms d'auteurs, plus 2,740 titres d'ouvrages anonymes. Dans ce nombre de noms d'auteurs il s'en trouve 3,565 qui n'y sont que pour ordre, étant des renvois, pour noms composés, pseudonymes, etc. Ils font donc double emploi, et après leur défalcation nous trouvons 26,277 auteurs réels, dont les ouvrages sont annoncés dans le Catalogue. Dans ce nombre le beau sexe est représenté par 1,041 femmes. Le nombre des titres d'ouvrages est d'environ 80,000.

Ce dernier chiffre demande une explication pour répondre d'avance à une objection qu'on pourrait me faire. On pourrait, en effet, lui opposer le chiffre qu'on trouve par l'addition des numéros d'ordre des vingt-cinq volumes du Journal de la Librairie, qui embrassent la même époque que mon Catalogue

(1840 à 1865), chiffre qui s'élève à 231,398, et comme je cite beaucoup d'ouvrages que ce journal n'annonce pas, principalement les ouvrages français publiés à l'étranger, on pourrait me dire que, pour être complet, mon Catalogue devrait contenir environ 250,000 titres au lieu de 80,000, que, par conséquent, mon travail doit nécessairement être fort incomplet. Il me sera facile de réfuter cette objection, en énumérant quelques-unes des causes qui réduisent ce chiffre dans une énorme proportion.

Les Ordo divini, les Paroissiens romains et autres livres d'Église semblables, qui fournissent des milliers de titres à la Bibliographie de la France, ne sont pas mentionnés dans mon Catalogue, parce que je ne voyais pas quel intérêt leur récapitulation aurait pu avoir pour la librairie ou pour la littérature. Il est bien entendu cependant que j'ai admis tous les livres de prières, même les plus insignifiants, dès qu'ils étaient signés d'un nom d'auteur.

Les ouvrages qui ont eu beaucoup de réimpressions figurent dans la Bibliographie de la France autant de fois qu'ils ont été réimprimés, tandis que dans mon Catalogue ils ne forment jamais qu'un seul titre. Et il y a telle grammaire française qui, dans l'espace des vingt-cinq ans, a eu jusqu'à quatre-vingts réimpressions, qui, par conséquent, figure quatre-vingts fois, assez inutilement, il est vrai, dans la Bibliographie.

Les ouvrages qui se composent de plusieurs volumes figurent dans la Bibliographie autant de fois qu'ils ont de volumes, à moins que l'ouvrage n'ait été publié en une seule fois; un almanach ou un annuaire y figure autant de fois qu'il a été publié, pour un grand nombre d'entre eux c'est donc jusqu'à vingtcinq fois, tandis que dans mon Catalogue il ne peut jamais former qu'un seul titre.

Il y a des catégories entières de publications que j'ai complétement laissées de côté et que la Bibliographie enregistre religieusement, mais grandement à tort, à mon avis. Ce sont entre autres : les petits almanachs publiés en province et qui n'ont absolument pas d'intérêt en dehors de leur localité, les livres d'adresses des départements et des villes de province, les thèses d'étudiants, les extraits de journaux tirés à petit nombre pour la seule satisfaction et le seul usage des auteurs, des rapports et mémoires imprimés pour un but tout spécial (à l'occasion d'un procès, par exemple), sans intérêt général et surtout tout à fait inaccessibles au commerce, etc.

J'en passe, et peut-être des plus importants, et j'en suis presque à me demander comment il se fait qu'après tant de réductions il reste encore 80,000 titres!

Une des grandes difficultés de la rédaction consistait à distinguer toujours les différents auteurs du même nom, à ne pas attribuer à un Martin les ouvrages d'un autre Martin, parce qu'ils portent tous les deux le même prénom; ou bien, au contraire, à ne pas croire qu'il y a plusieurs auteurs là où il n'y en a qu'un seul, parce qu'il a signé tel de ses ouvrages J. X., un autre Jules X., un troisième le docteur X., et ainsi de suite, ou parce que depuis telle époque il a modifié son nom patronymique, en y ajoutant une particule, ou le nom

de sa femme, ou bien le nom de son village natal. D'autres changent arbitrairement l'orthographe de leur nom: de M. Dec... ils font d'abord M. De C... et puis M. de C..., s'octroyant ainsi hardiment des lettres de noblesse, etc.

On comprendra aisément dans quel embarras a dû quelquefois me mettre ce sans-gêne de la part des auteurs, pour les noms surtout qui se répètent souvent. Aussi je n'espère pas avoir toujours vaincu la difficulté, et pour montrer combien elle était grande, je citerai quelques chiffres: Il y a parmi les 29,842 noms d'auteurs: 80 fois le nom de Martin, 48 Durand, 48 Robert, 46 Bernard, 42 Dubois, 40 Garnier, 37 Richard, 31 Thomas, 29 Bertrand, 28 Blanc, 27 André, 27 Michel, 27 Muller, 24 Girard, 24 Henry, 21 Vidal, 19 Rousseau, 19 Simon, etc., etc. Si je n'ai pas pu éviter toutes les erreurs, s'il devait m'être arrivé de confondre quelques-uns de ces homonymes, je leur en demande pardon, tout en leur assurant qu'il y a plus de leur faute que de la mienne. On m'a souvent demandé si j'avais l'intention de publier un supplément à mon livre, tant pour en rectifier les erreurs et réparer les omissions, assez nombreuses nécessairement les unes et les autres, que pour donner la liste des publications faites depuis 1866. Il est hors de doute qu'un pareil supplément serait d'un grand intérêt, que la publication en est presque une nécessité pour moi, si je veux conserver pour l'avenir toute sa valeur à mon Catalogue, et néanmoins j'hésite encore à prendre un engagement formel à ce sujet. La solution définitive de cette question dépendra de plusieurs circonstances, principalement du succès que rencontrera mon ouvrage, maintenant qu'il est terminé; mais je puis dire dès aujourd'hui que j'ai le désir de pouvoir dresser un nouveau Catalogue pour la période décennale de 1866 à 1875, c'est-à-dire de comprendre dans un seul alphabet les publications de ces dix années, ainsi que toutes les rectifications et additions pour le Catalogue que je viens de terminer. C'est en vue de cette nouvelle publication, dont l'impression ne pourra naturellement commencer qu'en 1876, que je prie tous les acheteurs des quatre volumes publiés de me communiquer des rectifications et additions pour la période de 1840 à 1865, qui pourraient alors être insérées à leur place dans la nouvelle série. Je recevrai avec une égale reconnaissance les observations générales sur le plan ou l'exécution de mon livre, et j'en tiendrai compte dans la nouvelle publication autant que le plan primitif me le permettra.

Paris, le 15 juillet 1871.

O. LORENZ.

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