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TROISIÈME ANNÉE

Il y a deux ans et même un peu plus,

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quand je langai dans le public la Revue des Facultés catholiques de l'Ouest, ce ne fut pas sans une légère pointe d'émotion que je lui jetai le cri du pilote à son navire, au moment d'entrer en pleine mer A Dieu va! » S'il m'en souvient, la mer n'était pas très unie et l'on voyait plus d'un nuage au ciel. Quelques années auparavant, par un temps beaucoup plus calme, une tentative du même genre, encore plus modeste que la nôtre, avait échoué. Qu'allait-il advenir de nous? N'allions-nous point, dès la première sortie, nous briser contre les écueils? Eh bien, en dépit de mes craintes, malgré les paroles menaçantes des prophètes de malheur et les scrupules des timorés, la traversée a été bonne. Il y a bien eu, par-ci par-là, des heurts et des secousses; mais faut-il nous en plaindre ? Le pilote, du. reste, n'en accuse personne, il ne doit s'en prendre qu'à

son inexpérience. En l'éclairaut et en le fortifiant, ces soubresauts l'ont empêché de s'endormir, confiant dans les étoiles; ils ont jeté aussi quelque variété dans la monotone uniformité de la vie. Et puis, si le souvenir des plaisirs passés est encore un charme, la mémoire des fatigues et des tristesses elles-mêmes n'est peut-être pas sans joie.

Forsan et hæc olim meminisse juvabit.

Aujourd'hui, grâce à Dieu, et grâce au public, qui nous a bien accueillis, la crainte des premiers jours a fait place à la douce espérance. Va, ma petite barque:

O navis, referent in mare te novi

Fluctus....

Alerte et légère, reprends et continue ta course, sous l'oeil de Dieu.

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près de

Si j'avais besoin d'être excité dans ce travail, je n'aurais qu'à reparcourir le chemin que nous avons fait jusqu'ici. En particulier, la vue du très gros volume onze cents pages! que nous avons envoyé cette année à nos lecteurs serait pour moi le plus vif des encouragements. Je ne parle pas seulement du nombre des pages le nombre, à dire vrai, n'est pas ce qui importe, mais de l'intérêt, de la solidité et de l'agréable diversité des articles qui ont été servis. Le jugement n'est pas de moi; autrement vous auriez le droit de me citer le proverbe : Qui n'est loué que de soi et de son curé....! Il vient de

nos abonnés qui, pour leur part, ont eu la grâce de ne pas marchander les compliments. On accepte volontiers ce qui vous flatte; dans l'espèce, pouvions-nous ne pas croire ceux qui n'avaient aucun intérêt à nous tromper? Ces compliments, je les ai recueillis avec reconnaissance; je les transmets aujourd'hui à tous ceux qui les ont mérités. Aux professeurs des Facultés catholiques, d'abord, qui ont été, dès l'origine, nos meilleurs soutiens, et qui, je le sais, n'ont point changé de sentiment : ils ont compris l'importance de cette Revue, et, malgré leurs nombreuses occupations, ils sont décidés, pour la faire prospérer, à ne ménager ni leur temps ni leur peine. Aux anciens élèves, ensuite, qui sont devenus ou qui deviennent des maîtres distingués Je leur dois même, cette fois, une mention toute spéciale. Feuilletez les six gros fascicules de l'année scolaire 1892-1893; vous verrez que leurs travaux ne sont ni les moins agréables ni les moins brillants. Plus d'une fois, en voyant leurs charmants essais, je leur ai crié : Bravo! Dans ces derniers temps, des voix ardentes ont dit : « Place aux jeunes!» Oui, place aux jeunes, à la suite et à côté des anciens ils apportent avec eux la gaieté, l'espérance, la vie! Et, de les voir s'élancer dans la carrière, travailler et produire à leur tour, n'est-ce pas, pour le cœur des maîtres, en même temps que la plus aimable des consolations, la récompense la plus précieuse qu'ils puissent souhaiter? Je veux aussi adresser à nos éditeurs les plus sincères remerciements. Les numéros étaient souvent très chargés, parfois plus que de raison; ils n'ont jamais reculé devant la besogne. A cause de leur complaisance et de leur amabilité grande, je leur devais ici un souvenir.

Pour tous ces motifs, ma tâche a été facile et douce. Je suis, tout simplement, la voix qui crie, vox clamantis De tous côtés, avec le plus agile empressement, on a répondu à mes sollicitations. Il n'est que de battre les buissons de notre pays pour en faire partir, presque en toute saison, des oiseaux chantants. Il n'est que de faire appel à nos professeurs et à nos amis pour qu'aussitôt les pages les plus charmantes sortent de leurs portefeuilles leçons d'histoire ou de philosophie, problèmes de science et de droit, frais et coquets récits, poésies ailées et gracieuses. La veine, certes, n'est pas épuisée il reste encore bien des idées à mettre en œuvre, bien des coins à explorer dans la science, la littérature, la théologie, la philosophie et l'histoire. Ce que nos dévoués collaborateurs ont fait dans le passé me donne pleine espérance pour l'avenir. Dans mes tiroirs, j'ai déjà plus d'un trésor.

Le sort de cette Revue est-il besoin de le dire? est lié à celui des Facultés catholiques, dont elle est naturellement l'organe. Maintenant que les évêques fondateurs ont affirmé leur volonté de soutenir et de défendre l'oeuvre de l'enseignement supérieur catholique dans l'Ouest, elle n'a qu'à se féliciter, elle aussi, des longs jours qui lui sont promis. Née tard, elle a grandi dans le deuil, lentement, doucement, comme il convenait à son âge et à ses faibles ressources; elle veut vivre et grandir encore, jusqu'à la pleine maturité. Serai-je indiscret en priant tous les amis de nos Facultés de lui apporter ou de lui garder leur bienveillant concours, et aussi de la faire connaître autour d'eux? Si mes demandes réitérées leur paraissent impor

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