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DEUX SONNETS

I

IN PRINCIPIO...

Le Verbe était en Dieu de toute éternité,

Et le Verbe était Dieu... Par lui tout reçut l'être : De tout ce qui fut fait, rien sans lui ne put naître. La vie était en lui... La vie est la clarté

Dont tout esprit humain désire se repaître.
Et la lumière a lui dans notre obscurité;
Et. malgré le splendide éclat qu'elle a jeté,
Les ténèbres n'ont pas voulu la reconnaître.

Le Verbe, illuminant toute âme d'ici-bas,
Est venu dans ce monde; on ne l'accueillit pas :
Descendu chez les siens, les siens le méconnurent.

Mais à qui l'a reçu, mais à tous ceux qui crurent, D'être enfants de Dieu même il fit le don si doux... Et le Verbe fait chair habita parmi nous.

II

SAINT JEAN AU DÉSERT.

Entre Karim la verte et la mer Asphaltite
Dont les flots de bitume à jamais empestés
Couvrent d'un lourd linceul les coupables cités,
Dans un morne désert un solitaire habite.

Ayant soif de silence et soif d'austérités,

Il se vêt d'un cilice, a les rochers pour gîte,
Boit au torrent dont l'eau des monts se précipite...
S'il parle, il lancera de dures vérités ;

Et ses accents seront brûlants comme la flamme.
C'est Jean: c'est le plus grand des fils nés de la femme.
Et, quand il apparut au val de Jéricho,

Du Jourdain, qui l'attend, sa voix frappant l'écho,
Tour à tour descendant et remontant la rive,

Criait

Préparez-vous: le Rédempteur arrive. »

Extrait de Sonnets évangéliques par J. G.

CHRONIQUE DES FACULTÉS

Est-il besoin de vous rappeler la mort récente, cruelle

mort

qui nous a mis en deuil? En M. Fernand Lucas, l'Église a perdu un fils très tendre, un ardent défenseur; l'Ordre des avocats près la Cour d'Angers, qui l'avait appelé deux fois aux honneurs du Bâtonnat, un orateur éminent, dont la parole chaude, faite de loyauté et de franchise, était pleine d'autorité; le Conseil municipal d'Angers, une voix toujours ferme et toujours écoutée, toujours prête à soutenir la cause de la justice; les Facultés catholiques de l'Ouest, un professeur éclairé, aimable, dévoué, qui savait transmettre à ses élèves, avec la science juridique, le grand amour pour l'Église qui enflammait son cœur. Que dire de sa famille, pour qui sa perte est irréparable, de cet intérieur charmant où il avait mis ses plus chères affections et que sa mort laisse plongé dans la désolation la plus grande? Si quelque chose a pu consoler sa veuve, ses vieux parents, ses enfants. ç'a été, sans doute, avec le souvenir de ses vertus et d'une vie tout entière consacrée au bien, le concert unanime d'éloges et de regrets qu'ont fait entendre au jour de ses obsèques qui ressemblaient à un

triompheles amis et les obligés nombreux qui suivaient son cercueil, les orateurs qui, en lui adressant le suprême adieu. nous résumaient les étapes de cette vie, si prématurément interrompue. Les bornes de cette chronique m'empêchent de vous citer ici les témoignages rendus à sa mémoire discours prononcés sur son cercueil, articles élogieux de la presse locale et régionale. Je ne puis même qu'évoquer d'un mot les cérémonies touchantes de Saint-Sauveur de Redon, où les maîtres de Fernand Lucas rappelaient ses jeunes années déjà si laborieuses et si pleines 1. D'ailleurs vous avez goûté, dans ce numéro, le bel éloge que M. Gavouyère, doyen de la Faculté de droit, a lu au palais de l'Université, le jour (10 mai) où fut célébré le service funèbre pour le repos de l'âme du cher défunt. M. Gavouyère, qui l'avait connu à Rennes pendant ses études juridiques, et qui le voyait à l'œuvre, comme professeur et comme avocat, depuis dix-huit ans, était mieux à même. qu'aucun autre de nous peindre l'étudiant et l'homme. Il a fait revivre devant nous, pendant une heure, les qualité viriles de M. Lucas et la belle unité de sa carrière. Je n'avais rien à dire, après lui. Cependant je devais, au nom de la Revue, saluer la mémoire du professeur distingué que nous avons perdu, et exprimer à sa famille désolée nos sentiments de respectueuses condoléances au nom de cette Revue, qu'il saluait lui-même si affectueusement, l'an dernier, à la réunion des anciens élèves, et à laquelle, tout récemment. il collaborait. Il vous souvient de cette conférence du 26 janvier, qui fut si remarquée et qui était digne de l'être : par une coïncidence singulière, elle paraissait dans nos colonnes le jour même ou le lende main de sa mort.

Dix-huit années d'enseignement, c'est beaucoup les professeurs en savent quelque chose. Mais c'est bien peu, en vérité, si l'on songe à ce qu'il y avait encore de mâle énergie dans ce vaillant. Il est mort, certes, comme doit désirer mourir un bon soldat du Christ, sur la brèche, en combattant; et M. Gavouyère nous rappelait, dans son discours, que son dernier

1 Cf. Le Messager Redonnais. Bulletin mensuel de l'Institution SaintSauveur et de l'Association catholique des Anciens éléves, — 1er mai 1894.

travail fut un mémoire pour la défense d'une communauté religieuse. Mais il est mort, dans la pleine maturité de l'âge et du talent, quand il promettait de donner encore tant de fruits à l'Église de Dieu; sa voix s'est éteinte, alors qu'elle semblait si utile pour la revendication de nos libertés! Sa tâche, à lui, était achevée, puisque Dieu l'a tiré de ce monde pour lui accorder la récompense promise au bon serviteur. Mais nous autres, qui cheminons à travers les obscurités de cette vie, nous, à qui les desseins d'en haut sont cachés, nous avons pu nous demander pourquoi tant de prières ferventes sont restées sans effet, et nous écrier, au jour de sa mort: «O mon Dieu, que vos jugements sont incompréhensibles, et vos voies impénétrables! Quam incomprehensibilia sunt judicia ejus, et investigabiles viae ejus!

Dans la précédente chronique, on vous annonçait, un peu la hâte, le succès des examens en mars dernier. J'y reviens, avec plus de détails.

Trois élèves de la Faculté des Lettres se sont présentés, en Sorbonne, aux épreuves de la licence. Tous les trois ont été reçus, en bon rang: M. l'abbé Daniel, du diocèse de Rennes ; M. l'abbé Bellanger, du diocèse d'Angers; M. Paul Lefébure, étudiant laïque, de Paris. Ce succès complet, qui fut une joie pour les maîtres, était la juste récompense du travail des élèves.

Un autre élève de la Faculté de Droit a soutenu, devant la Faculté de Caen, ses thèses pour le doctorat.

M. Benoît Courtois a conquis son diplôme de haute lutte: après une brillante soutenance, il a été reçu avec toutes boules blanches, auxquelles la Faculté a joint l'éloge. Pour ce beau succès, et pour ceux qui l'ont suivi, que le jeune lauréat veuille bien agréer tous nos compliments.

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