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réponse à l'adresse que les prêtres lui avaient envoyée, pendant la retraite ecclésiastique. J'y relève la phrase suivante : • Præstet insuper divina benignitas ut lætiore in dies prosperitate floreant quum illustre Athenæum quo civitas vestra gloriatur, tum cetera instituta et opera quæ, ad incrementum religionis solidæque scientiæ, maiorum et vestra pietas condidit. Elle contient, pour l'Université et pour nos maisons d'éducation, un compliment et un souhait. Puisse le souhait être exaucé! Assurément, la bénédiction que le SaintPère y a jointe leur portera bonheur.

Le Directeur,

A. C.

AUTEURS ET LIVRES

EUVRES CHOISIES DE Mgr DE ROVÉRIÉ DE CABRIÈRES, ÉVÊQUE DE MONTPELLIER. Un volume in-8° de 464 pages. Paris. Librairie Poussielgue. Prix : 5 francs.

Un orateur doit-il publier ses discours? Grave question qui a fourni et fournira longtemps encore matière aux amplifications des rhéteurs. Elle paraît pourtant facile à résoudre. Si l'orateur a dû un premier succès à des avantages extérieurs, qu'il s'en contente et qu'il n'aille pas fixer sa parole dans un livre où tous, amis et ennemis, pourront l'examiner sans voile et à loisir. Mais si l'admiration a été excitée par la sagesse et par la science, par de grands sentiments, par la perfection du langage, il convient que tous puissent partager le sort de l'auditoire, et que le chef-d'oeuvre témoigne en faveur du maître, en faveur de la corporation. Verba volant, scripta manent. Ces réflexions se présentent naturellement à l'esprit lorsqu'on lit les OEuvres choisies de Mar de Cabrières, évêque de Montpellier. »

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Ces œuvres sont, à quelques exceptions près, des discours prononcés dans les circonstances les plus solennelles et touchant à des questions qui préoccupent les catholiques français : la liberté religieuse, les rapports de la raison et de la foi, la grandeur de l'Église et de la France.

L'occasion de l'un des plus remarquables de ces discours, prononcé à Romans, est le centième anniversaire de la célèbre assemblée des États du Dauphiné, en 1788, réunie d'abord à Vizille dans des formes

irrégulières avec la tolérance du gouvernement, puis à Romans avec la permission du roi assemblée qui comptait parmi ses membres Barnave, Monnier, l'Archevêque Le Franc de Pompignan, et qui la première réclama pour le Tiers un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres réunis. Deux autres discours ont été prononcés au cours du centenaire, célébré à Montpellier, de la dernière Assemblée des États du Languedoc, en 1788. Ce jour-là, une immense province, disparue depuis un siècle, revenait à la vie pour quelques heures. Une autre fois, la parole de Mer de Cabrières a annoncé dans la ville de Lyon la fondation d'une I niversité catholique. Puis, changeant d'auditeurs sans abdiquer ses sympathies en faveur de l'enseignement chrétien, mais fier de la Faculté de médecine qui a rendu sa cité célèbre dans le monde entier et qui a soutenu si longtemps les doctrines vitalistes, l'évêque de Montpellier s'associe au sixième centenaire de l'Université montpelliéraine, organisée en vertu d'un décret du Pape Nicolas IV. On pouvait craindre, par ce temps de science laique, que cette fête ne fût célébrée en dehors de l'Église. Mais le sentiment des convenances et peut-être aussi l'intelligence des intérêts de l'institution, furent cause qu'on invita l'évêque à y concourir. Tous les délégués des Universités françaises et étrangères, les membres de l'Institut, les étudiants, toutes les autorités montpelliéraines et une foule immense assistèrent à la messe solennelle à l'issue de laquelle Mer de Cabrières prononça un très beau et très solide discours. Il s'était employé pour le succès de cette solennité religieuse avec un zèle qui a charmé le Souverain l'ontife et il s'est vu décerner comme récompense le précieux honneur du Pallium. A différentes reprises l'évêque de Montpellier a fait entendre sa voix aux obsèques d'un illustre soldat ou d'un grand médecin de sa ville. Mais surtout il a trouvé des accents magnifiques pour l'éloge funèbre du cardinal Mermillod, ou pour le panégyrique des évêques et des prêtres tombés martyrs de la religion dans la maison des Carmes, en septembre 1792.

Ces grandes circonstances éveillent d'ordinaire dans l'âme de Mer de Cabrières des idées historiques. Il voit de très haut, à la façon de Bossuet, ce qui ne veut pas dire qu'il y ait rien de vague dans ses conceptions ou d'abstrait dans ses dessins.

Il y a en lui une grande probité historique qui l'empêche de louer ou de flétrir sans avoir et sans donner la preuve du mérite ou de la faute. A Romans il nous présente un tableau grandiose, devant lequel on rêve, sollicité également par l'admiration et par la tristesse. Des Français, représentants de toutes les classes de la société,

des citoyens, qui dans quelques mois s'entre-déchireront, sont devant nous, confiants les uns dans les autres, amis par l'amour ardent du bien public; mais, s'exagérant la puissance des réformes politiques, et complètement oublieux sans exception des ecclésiastiques de la force morale du christianisme : « Nos aïeux parlèrent, agirent, comme si le christianisme n'avait rien fait pour la civilisation, la liberté, le bonheur du genre humain. Eux qui prétendaient tout régénérer, tout rajeunir, ils parurent ne pas penser au principe de toute vie morale, de tout progrès soutenu et fécond. » Au centenaire des États du Languedoc, nous suivons siècle par siècle une province qui s'est administrée pendant plus de mille ans, conservant son indépendance en dépit d'un Richelieu et d'un Louis XIV, et n'en usant pas pour faire entendre, en ses assemblées annuelles, des doléances stériles et maussades, mais poursuivant avec une activité, inconnue peut-être partout ailleurs, son amélioration matérielle, construisant partout des ponts, des routes, des canaux, encourageant les sciences et les arts, l'agriculture et l'industrie, au point d'exciter l'envie de la France et l'admiration de l'Europe. Il y a dans le volume d'autres pages d'histoire aussi magistrales que celles-là.

Pectus est quod disertos facit. On entend à chaque instant, sur les lèvres de Mar de Cabrières, des mots qui partent d'un cœur très généreux. Lorsque cet évêque gentilhomme considère les temps passés, c'est avec un respect également éloigné de la partialité qui aveugle et de la pusillanimité, trop commune aujourd'hui, qui, sous prétexte de conciliation, diminue de propos délibéré certaines gloires et en surfait d'autres. Il rend hommage à la majesté de la royauté de Louis XIV, mais dénonce les vides d'un régime d'absolutisme et d'excessive centralisation. I loue les vertus de la noblesse: « il n'éprouve pas de fausse honte à déclarer que la mémoire de ces gentilshommes lui inspire une respectueuse sympathie », et, « s'il ne regrette pas le nivellement accompli par les révolutions, s'il ne désire pas relever des barrières usées et abattues par le temps, il honore de toute son âme une institution sociale en vertu de laquelle une classe entière de citoyens avait le droit d'être toujours la première au péril et le devoir de ne jamais ménager son sang pour la défense de son pays. » Mais il regrette que, fixée à la cour par les ministres du grand roi, « elle n'y ait appris que le luxe, le désordre dans les finances, l'amour immodéré des places et des houneurs » et que bientôt après « ruinée par l'excès de ses dépenses, elle ait été amenée à pressurer ses vassaux et par cela même à se faire haïr et mépriser. >>

Langage ferme et courageux, mais qui ne saurait sans injustice s'appliquer à la noblesse de toute la France, particulièrement à celle de nos contrées.

Le cœur de Mgr de Cabrières est vaste comme celui de l'Église et embrasse tous les biens naturels et surnaturels. Il n'y a rien de petit, rien de méprisable pour lui. Dogme et morale, science sacrée et science profane, Église et patrie, France du passé et France d'aujourd'hui, clergé séculier et familles religieuses, vie active et vie contemplative, vertu, art, prospérité matérielle des sociétés, tout s'unit dans ses affections. Mais il s'élève au-dessus de lui-même lorsqu'il parle de ses prêtres, et il nous émeut jusqu'aux larmes par la tendresse et le respect dont il déborde pour eux, particulièrement dans sa lettre pastorale de prise de possession. Elle est heureusement placée en tête du volume, cette lettre magnifique. Après une longue carrière durant laquelle les conditions de l'Église de France ont changé plusieurs fois, c'est une jouissance en comparant les premières pages avec les dernières, écrites à près de vingt ans de distance, de constater que le cœur de l'évêque est toujours demeuré le même.

Les riches idées et les nobles sentiments de Mar de Cabrières sont servis par une plume dont les traits, d'une netteté parfaite, ne permettent aucune hésitation, aucun malentendu, et dont la grâce, pleine de dignité, nous fait penser parfois au poète aimable des «Iles d'or », Mistral. Le culte de la petite patrie « romanisante » l'a bien soutenu, ne lui eût-il inspiré que cette description de la terre de Montpellier : << Elle s'appuie de tous côtés contre des chaînes de montagnes qui lui forment un rempart; elle baigne ses côtes vineuses dans une mer limpide et bleue où se reflète le soleil et où courent en tous sens les rapides navires qui depuis trois mille ans sont les messagers et les intermédiaires du commerce. » Sous les chauds rayons du soleil de Languedoc, l'idée de l'écrivain prend de la couleur et devient sensible. Il ne dira pas simplement que Jeanne d'Arc fait des progrès dans la piété, mais que « l'âme de Jeanne est pénétrée de la religion dans ses dernières profondeurs, comme une matière poreuse se pénètre du liquide dans lequel on la plonge. » Veut-il rappeler que les institutions du vieux monde gallo-romain reparurent après le passage des invasions, il dit que « le chaos des invasions laissa peu à peu tomber son limon et se purifier ses eaux. »

L'éloge de Mg de Cabrières avait été fait plusieurs fois par Mgr Freppel qui souhaitait, a-t-on dit, l'avoir pour collègue au Parlement français. Cependant il était jusqu'ici peu connu dans notre

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