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tunes, qu'ils veuillent bien se souvenir que, dans notre fin de siècle, un peu de réclame est toujours nécessaire, et pour rafraîchir la mémoire de ceux qui oublient, et même pour faire savoir à ses amis qu'on n'a pas la moindre envie de mourir.

Alexis CROSNIER,

prêtre.

P. S. Les lignes qui précèdent étaient à l'impression, quand j'ai reçu de M Mathieu la lettre spirituelle et si gracieuse, qui est citée en tète de ce numéro. Monseigneur a bien voulu s'arracher à ses trop nombreuses occupations pour envoyer, avec un salut aimable, ses cordiales félicitations à nos collaborateurs. Nous lui en sommes, tous, profondément reconnaissants. On a beau se faire un front d'airain, de tels compliments sont toujours agréables. recerant sa lettre, je me suis rappelé que son vaillant prédécesseur, MST Frempel, avait béni les débuts de notre humble Revue. Mg Mathieu, notre nouveau chancelier, héritant de ses charges, a hérité de son amour et de son dévouement pour les Facultés catholiques et pour la Revue qui en est l'organe. Dieu soit loué!

En

A. C.

LES ANCIENNES UNIVERSITÉS

DEUXIÈME PARTIE

L'enseignement universitaire

Certes, les anciennes Universités étaient des corps parfaitement constitués; rien ne leur manquait pour posséder en euxmêmes la vie, le mouvement et l'action. Il le fallait; car l'enseignement vit surtout de traditions et les traditions littéraires ou scientifiques ne subsistent bien que dans les corps vivants, organisés pour durer toujours. Cette constitution vigoureuse est donc un des éléments qui expliquent le succès des Universités pendant de longs siècles; mais ce n'est pas le seul, ce n'est même pas, semble-t-il, le principal, malgré l'importance réelle et considérable qu'il convient de lui attribuer.

De fait, quel attrait poussait vers les grandes écoles ces multitudes d'écoliers, jeunes gens et hommes mûrs, qui accouraient de tous les points de l'horizon et briguaient l'honneur de se dire gradué de telle ou telle Université? N'était-ce pas la réputation de science que lui faisaient ses maîtres, la haute valeur de son enseignement, la considération justement acquise à ses grades académiques? L'amour de la science, je le veux bien, n'était point seul en cause dans cette ardeur pour l'étude, dans ee désir de la puiser à bonne source; l'ambition, l'intérêt v

avaient leur part, car la science alors menait aux honneurs, et ceux-là y parvenaient plus sûrement, qui pouvaient se dire docteurs d'une Université fameuse. Heureux temps, après tout, où les Universités étaient le chemin des honneurs, de la considération et de l'influence dans le monde!

Nous devons donc, pour avoir le secret de la prospérité. incontestable de ces anciennes Écoles, malgré certaines périodes de décadence au milieu des guerres et des bouleversements politiques, qui arrêtèrent maintes fois l'essor des intelligences, nous devons, dis-je, étudier maintenant l'organisation des études, la méthode suivie dans les Universités pour ordonner l'enseignement littéraire et scientifique, en vue du but qu'elles se proposaient d'atteindre.

Je dis organisation et non pas objet des études, méthode et non pas matière de l'enseignement; car je ne prétends pas remettre sous les yeux du lecteur les programmes des cours universitaires, ni discuter leur valeur plus ou moins grande au point de vue de la science contemporaine. Aussi bien cela n'est-il nullement nécessaire pour la démonstration que j'ai en

vue.

Il est dans la nature des sciences de progresser toujours, parce que l'intelligence humaine, à mesure qu'elle sait davantage, ne cesse d'accroître sa puissance de savoir, et qu'à moins de cataclysme social, creusant un abîme d'oubli et d'ignorance entre deux âges de l'humanité, comme il est arrivé maintes fois dans l'histoire du monde, chaque génération enrichit naturellement de connaissances nouvelles le trésor des générations précédentes. Ce n'est donc pas l'état des sciences dans les anciennes Universités, que nous devons rechercher et étudier, pour y découvrir ce qui a fait leur grandeur. Sous ce rapport, elles ont été ce qu'elles pouvaient être, ni plus ni moins leur enseignement a toujours résumé, à chaque époque et en chaque Faculté, les connaissances les plus hautes. le plus parfait savoir, que les hommes eussent alors atteint; elles ont fait, par conséquent, pour le développement progressif des intelligences, la seule chose possible à l'enseignement public, elles les ont mises pour ainsi dire au point, en leur livrant tous les trésors acquis déjà et en les formant à en acquérir d'autres

encore. Si nous sommes plus riches aujourd'hui, n'y sont-elles donc pour rien?

Mais, je le répète, avoir plus ou moins de choses à enseigner, élargir plus ou moins le cercle des études universitaires, créer même des Facultés nouvelles que nos pères n'ont point connues, tout cela n'est pas ce qui importe dans la question présente, parce qu'avec beaucoup plus de savoir notre enseignemont peut être beaucoup moins prospère et souvent manquer son but. N'est-ce pas ce dont on se plaint et non sans raison? Ne dit-on pas que nos grandes Écoles végétent, que nos Facultés supérieures, en province surtout, restent sans éclat et sans vie? Depuis cent ans que la Révolution a fait table rase des institutions d'autrefois, pour remettre l'éducation de la France entière entre les mains d'un seul homme qui lui-même souvent n'a jamais enseigné, quelle instabilité dans l'enseignement public! Où sont les progrès réalisés, à quels résultats sommesnous parvenus? Pour la vingtième fois il est question de modifier tout le système; et c'est vers le passé qu'on se retourne enfin, pour lui emprunter quelque chose de son organisation scolaire, un lambeau de sa liberté, par la division de l'Université napoléonienne en Universités régionales! Que ne lui prend-on son organisation tout entière, corporative, littéraire et honorifique? On en aurait fini une bonne fois avec les utopies toujours renouvelées, avec les systèmes toujours changeants; l'enseignement public reposerait désormais sur une base solide, sur les traditions progressives de notre civilisation chrétienne.

Venons à notre sujet et essayons de montrer que l'organisation des études dans les Universités fut la cause principale de leurs succès et de leur prospérité. Pour cela, nous devons considérer trois choses: 1° la hiérarchie qui existait entre les diverses parties de l'enseignement; 2o quels étaient les maîtres et comment se faisait leur recrutement; 3° par quels exercices littéraires et scientifiques on formait les esprits à l'étude et à la science. Ces trois points renferment, je crois, les plus utiles leçons que nous puissions recevoir de la longue et judicieuse expérience des siècles passés.

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