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LA MOUCHE.

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C'est la Raison qui vient me dire :
« A ton âge on vit en reclus.
<< Ne bois plus tant, cesse de rire,
« Cesse d'aimer, ne chante plus.
Ainsi son beffroi toujours sonne
Aux lueurs des feux les plus doux.
Ne souffrons point qu'elle bourdonne,
Qu'elle bourdonne autour de nous.

C'est la Raison; gare à Lisette!
Son dard la menace toujours.

Dieux! il perce la collerette:

Le sang

coule! accourez,

accourez, Amours!

Amours, poursuivez la félonne;

Qu'elle expire enfin sous vos coups.
Ne souffrons point qu'elle bourdonne,
Qu'elle bourdonne autour de nous.

Victoire! amis, elle se noie
Dans l'aï que Lise a versé.
Victoire ! et qu'aux mains de la Joie
Le sceptre enfin soit replacé.
Un souffle ébranle sa couronne ;
Une mouche nous troublait tous.

Ne craignons plus qu'elle bourdonne,
Qu'elle bourdonne autour de nous.

LES

LUTINS DE MONTLHÉRI.

AIR: Ce soir-là sous son ombrage.

A pied, la nuit, en voyage,
Je m'étais mis à l'abri

Contre le vent et l'orage,
Dans la tour de Montlhéri.
Je chantais, lorsqu'un long rire
D'épouvante m'a glacé ;

Puis tout haut j'entends dire:
Notre règne est passé.

Des follets brillent dans l'ombre,

Et la voix que j'entendais

Se mêle aux cris d'un grand nombre

De lutins, de farfadets.

Au bruit d'une aigre trompette

Le sabbat a commencé.

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LES LUTINS.

Plus haut la voix répète :
Notre règne est passé.

Non, dit la voix, plus de fêtes!

Esprits, vite délogeons.

« La Raison, par ses conquêtes,.
« Nous bannit des vieux donjons..
« Le monde a changé d'oracles;
<< Nos prodiges ont cessé.
« L'homme fait les miracles;
<< Notre règne est passé.

« Nous donnâmes à la Grèce
« Ces dieux créés pour les sens,
<< Dont l'éternelle jeunesse

<< Vivait de fleurs et d'encens.

«Dans la Gaule encor sauvage

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« On nous vit, sous vos trophées,

<<< Paladins et troubadours,

<< Enchaîner aux pieds des fées,
<< Les rois, les saints, les Amours.

« La magie à notre empire
<< Soumit le ciel courroucé,

DE MONTLHÉRI.

« Des sorciers j'entends rire; « Notre règne est passé.

« La Raison nous exorcise;
<< Esprits, fuyons sans retour. >>
La voix se tait... O surprise!
J'ai cru voir crouler la tour.
De leur retraite chérie

Tous ont fui d'un vol pressé.
Au loin la voix s'écrie :
Notre règne est passé.

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LA COMÈTE DE 1832.

AIR: A soixante ans il ne faut pas remettre.

Dieu contre nous envoie une comète;
A ce grand choc nous n'échapperons pas.
Je sens déjà crouler notre planète;
L'Observatoire y perdra ses compas. (bis.)
Avec la table adieu tous les convives!

Pour
peu
de gens le banquet fut joyeux. (bis.)
Vite à confesse allez, ames craintives.
Finissons-en: le monde est assez vieux,

Le monde est assez vieux. (bis.)

Oui, pauvre globe égaré dans l'espace,
Embrouille enfin tes nuits avec tes jours,
Et, cerf-volant dont la ficelle casse,

| (bis.)

Tourne en tombant, tourne et tombe toujours. Va, franchissant des routes qu'on ignore, Contre un soleil te briser dans les cieux.

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