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MON CARNAVAL.

Dans ces plaisirs que votre cœur m'oublie :
Un seul mot triste en peut troubler le cours.
J'entends au loin l'archet de la Folie:
O mes amis ! prolongez d'heureux jours!

Combien de fois auprès de la plus belle,
Dans vos banquets j'ai présidé chez vous!
Là de mon cœur jaillissait l'étincelle
Dont la gaîté vous électrisait tous.

De joyeux chants ma coupe était remplie ;
Je la vidais, mais vous versiez toujours.
J'entends au loin l'archet de la Folie :
O mes amis, prolongez d'heureux jours!

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Des jours charmants la perte est seule à craindre.
Fêtez-les bien, c'est un ordre des cieux.
Moi, je vieillis, et parfois laisse éteindre
Le grain d'encens dont je nourris mes dieux.
Quand la plus tendre était la plus jolie,
Des fers alors m'auraient paru bien lourds.
J'entends au loin l'archet de la folie :
O mes amis ! prolongez d'heureux jours!

Mais accourez, dès qu'une longue ivresse
Du calme enfin vous impose la loi.
Dernier rayon, qu'un reste d'alégresse
Brille en vos yeux et vienne jusqu'à moi.

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MON CARNAVAL.

Dans vos plaisirs ainsi je me replie;
Je suis vos pas, je chante vos amours.
J'entends au loin l'archet de la Folie :
O mes amis ! prolongez d'heureux jours!

L'OMBRE D'ANACREON.

SAINTE-PÉLAGIE.

AIR de la Sentinelle.

Un jeune Grec sourit à des tombeaux :
Victoire! il dit; l'écho redit: Victoire!
O demi-dieux ! vous nos premiers flambeaux,
Trompez le Styx, revoyez votre gloire!
Soudain sous un ciel enchanté

Une ombre apparaît et s'écrie :

« Doux enfant de la Liberté, (bis.) « Le Plaisir veut une patrie!

« Une patrie!

« O peuple grec! c'est moi dont les destins

<< Furent si doux chez tes aïeux si braves;

« Quand ils chanțaient l'amour dans leurs festins, << Anacréon en chassait les esclaves.

162

L'OMBRE D'ANACREON.
« Jamais la tendre Volupté
N'approcha d'une ame flétrie.
« Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie!
<< Une patrie!

<< De l'aigle encor l'aile rase les cieux,

« Du rossignol les chants sont toujours tendres ;

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Toi, peuple grec, tes arts, tes lois, tes dieux,

Qu'en as-tu fait? qu'as-tu fait de nos cendres?
<< Tes fêtes passent sans gaîté

« Sur une rive encor fleurie.
<< Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie!
<< Une patrie!

« Déjà vainqueur, chante et vole au danger;

« Brise tes fers: tu le peux, si tu l'oses. « Sur nos débris, quoi! le vil étranger << Dort enivré du parfum de tes roses!

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Quoi! payer avec la beauté

« Un tribut à la barbarie!

<< Doux enfant de la Liberté,

« Le Plaisir veut une patrie!
« Une patrie!

« C'est trop rougir aux yeux

du

voyageur

L'OMBRE D'ANACREON.

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Qui d'Olympie évoque la mémoire.

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Frappe! et ces bords, au gré d'un ciel vengeur, <<< Reverdiront d'abondance et de gloire.

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« Réchauffe une terre appauvrie.

« Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie!
« Une patrie!

<«< A tes voisins n'emprunte que du fer :
<< Tout peuple esclave est allié perfide.
<< Mars va t'armer des feux de Jupiter;
« Cher à Vénus, son étoile te guide':
<< Bacchus, dieu toujours indompté,
<< Remplira ta coupe tarie.
<< Doux enfant de la Liberté,
<< Le Plaisir veut une patrie!
<< Une patrie! >>

Il se rendort le sage de Téos.

La Grèce enfin suspend ses funérailles.
Thèbes, Corinthe, Athènes, Sparte, Argos,
Ivres d'espoir, exhumez vos murailles!

Vos vierges même ont répété

1. Suivant M Pouqueville, les Grecs ont encore en vénération l'étoile de Vénus.

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