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M. Biot avait indiqué la direction du sud-sud-ouest au nord-nord-est, comme celle de la secousse. Dans la note manuscrite que j'ai sous les yeux, je trouve qu'elle parut dirigée à-peu-près du sud au nord. L'observation de M. Arago a prouvé que le mouvement s'était propagé dans la direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Je fais remarquer ces différences pour montrer qu'il ne faut pas accorder trop de confiance aux directions qu'on assigne aux secousses quand le résultat ne se fonde pas sur l'observation d'un instrument.

Au nom d'une Commission, M. Latreille fait un rapport sur le Mémoire de M. Desmarest relatif aux crustacés.

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Les commissaires ont la conviction que M. Desmarest a tiré le parti le plus avantageux des faibles moyens qui étaient en son pouvoir; que son travail a exigé de nombreuses et profondes recherches; qu'il sera très-utile, et qu'il est digne de l'approbation de l'Académie.

M. Portal lit un Mémoire sur les Fièvres typhoïdes. M. Desmoulins lit un Mémoire sur la Distribution géographique des animaux. (Nous ferons connaître le rapport des commissaires.)

OBSERVATIONS Sur le Mémoire de M. Anglada ayant pour titre : Sur le Dégagement du gaz azote du sein des eaux sulfureuses.

PAR M. LONCHAMP.

M'ÉTANT rendu, au printemps, dans le département des Hautes-Pyrénées pour y faire l'analyse des eaux

minérales de Barèges, Saint-Sauveur et Cauterets, je viens de lire, à mon retour à Paris, le Mémoire de M. Anglada imprimé dans le tome xvIII, page 113, des Annales de Chimie et de Physique. Ce professeur a pour but principal de présenter une théorie qui fasse connaître la cause pour laquelle les eaux minérales sulfureuses donnent, à leur source, un dégagement plus ou moins considérable de gaz azote. Cette théorie ne me paraît pas fondée. La discussion que je vais établir aura certainement un résultat avantageux. Ou M. Anglanda présentera de nouvelles considérations pour appuyer son opinion, et si elles sont justes, la science y gagnera; si, au contraire, mes objections détruisent la nouvelle théorie présentée, ce sera une erreur de moins qui s'accréditera.

M. Anglada pose d'abord en principe que toutes les eaux minérales sulfureuses dégagent de l'azote à leur source. Je serais porté à partager cette opinion, car c'est une observation que j'ai également faite pour les sources sulfureuses des Hautes-Pyrénées; cependant il ne faudrait pas se hater de généraliser. Nous ne voyons pas, par exemple, que Fourcroy, qui a donné un travail si précieux sur les eaux d'Enghien,` ait observé aucun dégagement de gaz à la source: or, ce phénomène l'eût certainement frappé s'il eût existé.

MM. Garnet, Stromeyer et Monheim, qui ont également reconnu que plusieurs sources sulfureuses présentent un dégagement de gaz azote, ont trouvé que ce gaz était mêlé d'acide carbonique et d'hydrogène sulfuré gazeux'; au contraire, M. Anglada n'a obtenu que du gaz azote parfaitement pur. Mon travail sur les eaux des Hautes-Pyrénées me donne l'avantage de me trouver d'ac

cord avec lui sous ce rapport: «Mais, dit-il (page 123), » j'ai été d'autant plus surpris de ne pas trouver le gaz » azote mélangé des gaz acide carbonique et hydro-sul» furique, que, dans toutes les eaux sulfureuses que » j'ai examinées, j'ai reconnu la présence d'un sous>> carbonate et d'un hydro-sulfate alcalin. » Ici, mes résultats diffèrent de ceux de M. Anglada. Les eaux sulfureuses des Hautes-Pyrénées ne contiennent pas vestige d'acide carbonique, quoique de prétendues analyses de ces eaux qui ont été publiées y en admettent. L'alcali est à l'état caustique dans les eaux de Barèges, Cauterets, etc., et la carbonatation est le produit de l'évaporation à l'air libre. En serait-il de même pour les eaux des Pyrénées orientales, qui ont été l'objet exclusif des observations de M. Anglada ? Quant au soufre, je suis porté à croire qu'il y en a une certaine portion qui n'est point saturée d'hydrogène; en un mot, que ces eaux contiennent un mélange de sulfure hydrogéné et d'hydro-sulfure. C'est un point que je développerai dans l'analyse des eaux de Barèges que je vais donner.

M. Anglada ayant fait bouillir des eaux sulfureuses au moment où elles venaient d'être puisées, recueillit du gaz azote pour produit de cette distillation. Ce résultat le porta, dit-il, à soupçonner que ce gaz ne se trouvait pas seul dans l'eau; mais que celle-ci contenait de l'air atmosphérique, dont l'oxigène, pendant l'ébullition, s'était porté sur le soufre. Pour vérifier si cette conjecture était exacte, il versa une dissolution de plomb dans son eau avant que de la soumettre à la distillation, et cette au, ainsi dépouillée de son soufre, ne donna plus par la chaleur du gaz azote pur, mais un mélange de ce gaz

et d'oxigène. D'après ce résultat, M. Anglada établit sa théorie sur le dégagement de l'azote à l'émergence des eaux sulfureuses. Il pense qu'il y a dans l'intérieur de la terre des courans d'air ; que cet air se mêle avec l'eau; que, dans le trajet, une partie de l'oxigène se combine au soufre, et que l'azote, qui n'est que peu soluble dans l'eau, se dégage au moment où celle-ci arrive à la surface de la terre. Considérant que plusieurs eaux minérales seulement alcalines, et non sulfureuses, dégagent de l'azote à leur source, M. Anglada pense que, dans ce cas, l'oxigène s'est combiné avec une matière charbonneuse quelconque que l'eau devait tenir en dissolution; qu'il y a eu par conséquent formation d'acide carbonique, lequel s'est combiné avec l'alcali. L'azote, comme dans le cas des eaux sulfureuses, ne pouvant se dissoudre dans l'eau, se dégage au griffon de la source.

Pour qu'une théorie soit vraie ou seulement vraisemblable, il faut qu'elle embrasse dans son explication tous les cas de même nature. Voyons si c'est là le caractère de la théorie de M. Anglada. Ce professeur admet, comme nous l'avons vu, des courans d'air dans l'intérieur de la terre (1), et l'air qu'ils amènent se mélange l'eau sulfureuse ou alcaline. Mais ces courans sont sans doute admis par M. Anglada dans toute l'écorce de

avec

(1) Si les objections de M. Lonchamp ne portaient que sur les courans d'air intérieurs, il serait facile d'y répondre. Ces courans, en effet, ne sont pas nécessaires à la théorie de M. Anglada, puisque les eaux de pluie contiennent de l'air en dissolution, et que ces eaux sont l'aliment naturel des réservoirs souterrains. (R.)

notre globe; car les admettre seulement dans les lieux où sourdent les eaux dont nous nous occupons serait une absurdité: or, si ces courans souterrains d'air existent par-tout, s'ils sont par-tout entraînés par les eaux, il faut que toutes les sources, minérales ou autres, dégagent de l'azote au point où elles sourdent: cependant tout le monde sait qu'il n'en est pas ainsi. La théorie de M. Anglada explique donc un cas sur mille, et elle est positivement contraire aux neuf cent quatre-vingt-dixneuf autres : il n'est par conséquent pas probable que les chimistes soient disposés à l'admettre.

Je vais encore présenter une considération pour achever de détruire, par le simple raisonnement, la théorie que je réfute. Je ferai voir, par des considérations particulières que je développerai dans mon analyse des eaux des Hautes-Pyrénées, que le bassin souterrain des eaux de Barèges, par exemple, doit être à une profondeur de plusieurs milliers de toises. D'un autre côté, si l'on adopte les idées très-probables de M. de Laplace sur les causes de la chaleur des eaux thermales, le bassin souterrain de la source d'Arles, dont l'eau a servi aux expériences de M. Anglada, devrait être à 1600 mètres de profondeur, et par conséquent l'eau, dans ce bassin, serait comprimée par une colonne équivalente à cent cinquante atmosphères: or, M. le professeur de Montpellier n'a retiré de ces eaux sulfureuses que moins de de leur volume d'oxigène : y a-t-il un seul chimiste qui puisse douter qu'une petite quantité d'oxigène, comprimée dans une eau par cent cinquante atmosphères, et trouvant dans cette eau de l'oxigène et du soufre en beaucoup plus grande quantité qu'il ne lui en faut pour se saturer, se refuse à toute

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