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REVUE SCIENTIFIQUE

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BIOGRAPHIES SCIENTIFIQUES

L'œuvre de Henri Sainte-Claire Deville.

Étienne-Henri Sainte-Claire Deville est né le 11 mars 1818, dans l'ile danoise de Saint Thomas des Antilles, où son père était alors consul de France. Mais c'est à Paris, au collège Rollin, qu'il fit ses études en même temps que son frère Charles, géologue éminent que l'Académie des sciences a perdu il y a peu de temps, et qui avait seulement quelques années de plus que lui.

Son esprit était largement ouvert; mais ses goûts le portaient surtout vers la chimie et les sciences naturelles. Aussi, en poursuivant ses études médicales, il se livrait, dans un petit laboratoire particulier qu'il s'était fait construire rue Monsieur-le-Prince, à des recherches de chimie qui dénotent une vocation véritable. Ses «Recherches sur l'essence de térébenthine » datent de 1839. Il avait alors vingt et un ans. Il les a continuées en 1840, et, en 1841, une commission de l'Académie des sciences, composée de Thénard, Pelouze et de M. Dumas, rapporteur, résumait ainsi les recherches du jeune savant : « Les difficultés du sujet abordé par l'auteur, le soin consciencieux apporté à toutes ses expériences et la nouveauté de quelques-uns de ses résultats ont déterminé la commission à proposer à l'Académie d'insérer son mémoire dans le Recueil des savants étrangers. »

C'était une rare distinction pour un savant de cet âge; mais nous ne nous serions pas arrêtés sur ce mémoire, qui n'a qu'une faible importance dans l'œuvre du futur maître, si l'on n'y voyait apparaître déjà, comme le fait ressortir. avec précision M. Dumas, certaines qualités maîtresses de Henri Sainte-Claire Deville, le soin consciencieux apporté à toutes ses recherches et l'habileté à vaincre les difficultés, dont il a donné tant de preuves dans sa vie. Nous allons voir 3 SÉRIE. - REVUE SCIENTIFIQUE. XXIX.

bientôt son esprit inventif se développer et acquérir une puis sance que peu de savants ont surpassée.

En 1841, il continue ses recherches de chimie organique et publie une « Note sur l'essence d'élémi », des recherches sur les résines, une Étude sur le baume de Tolu, où il découvre et étudie avec sa précision habituelle un hydrocarbure, devenu depuis l'un des corps les plus importants de la chimie organique, le toluène, homologue immédiatement supérieur de la benzine et qui en possède les propriétés essentielles. C'est avec un mélange de ce toluène et de benzine qu'on a produit plus tard cette magnifique matière colorante si connue sous le nom de fuchsine, la première de ces innombrables matières colorantes que la chimie a su tirer des goudrons de houille. Comme on le voit, ce sont les recherches de chimie organique qui l'attirent au début de sa carrière.

Berzélius et les chimistes du commencement de ce siècle semblaient avoir épuisé le champ de la chimie minérale, tandis qu'au contraire les travaux de M. Chevreul sur les corps gras, et surtout ceux de M. Dumas sur les éthers, avaient donné à la chimie organique un essor prodigieux qui ne s'est pas encore ralenti. Les découvertes de M. Dumas, de Regnault, de Pelouze et des plus jeunes chimistes qui marchaient sur leurs traces, Laurent, Gerhardt et Cahours, pour ne parler que de nos compatriotes, montraient toute la fécondité des nouvelles études. Il y avait là de quoi séduire une nature ardente, énergique et éprise de gloire comme la sienne. Il s'était donc précipité avec ardeur dans la voie qui conduisait à tant de régions inexplorées. Ses premiers essais marquaient déjà sa place parmi les maîtres futurs de la chimie organique; il va cependant bientôt abandonner ces études et devenir le chef incontesté de la chimie minérale.

En 1844, l'Université, pour arriver à une décentralisation scientifique bien désirable pour le pays, essayait d'augmenter le nombre des Facultés des sciences dans de grandes

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