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PAR

P. J. DE BÉRANGER,

augmentées

U RECUEIL PUBLIÉ EN 1825 PAR LE MÊME AUTEUR, ET D'UN SUPPLÉMENT DE CHANSONS QUI NE SE TROUVENT PAS DANS LES ÉDITIONS DE PARIS.

Bruxelles,

C. J. DE MAT FILS ET H. REMY, IMPRIMEURS-LIBRAIRES, RUE DES GRANDS

1826

M 1282

NOTICE

SUR

LES POÉSIES DE BÉRANGER;

PAR P. F. TISSOT.

PANARD S'enivrait et s'endormait à table; mais le vin et le sommeil lui donnaient des inspirations; et, si on l'éveillait pour lui demander des couplets, il en produisait de charmans, comme un arbre, dont nous agitons les branches, laisse tomber les fruits mûrs qu'il porte dans la saison de sa fécondité. Bacchus et Comus servent aussi d'Apollon à un épicurien qui n'est pas sans ressemblance avec le La Fontaine de la chanson. Supprimez les bons repas à Désaugiers, vous supprimerez sa muse; le jour où les tonneaux de Champagne ou de Bourgogne seraient réduits

α

pour elle à la lie, vous la verriez sortir de la maison de son hôte comme les amis et la courtisane infidèles dont parle Horace. Le vin ne fait pas ainsi le génie de Béranger; convive délicat, il s'humecte à petits coups (1), et ne trouve pas ses vers à force de rasades.

Quand Béranger chante sur le ton de Panard, vous ne voyez point en lui cet abandon de l'ivresse, qui est une espèce de muse pour quelques hommes; mais sa franche gaîté éclate sous la direction çachée d'une raison qui ne sommeille jamais. Cette raison habite plus haut que celle de Panard; l'horizon des idées s'est beaucoup étendu devant elle; et ses tableaux tiennent de la grandeur des sujets dont ils

(1) On trouve dans le premier volume de l'auteur une chanson qui a pour titre : les Petits Coups C'est tout un code de philosophie à la manière d'Horace. (Cette chanson se trouve à page 168 de ce recueil.)

la

nous représentent l'image. Ainsi, deux seuls couplets de la chanson intitulée, le Nouveau Diogène, suffisent pour nous apprendre que la liberté est venue visiter la France, et qu'il existe un congrès de rois qui, au lieu de se faire représenter par des ministres, ont voulu régler euxmêmes les destinées de l'Europe. Puisque j'ai prononcé le nom de Diogène, je ne

dois pas taire que j'ai cru voir en notre

Béranger quelque chose de ce philosophe orgueilleux de sa pauvreté indépendante, et occupé pendant toute sa vie à regarder dans le cœur de l'homme. Aussi les plus folles saillies de Béranger sont encore des peintures de mœurs. Dans ce nombre on peut compter le Sénateur, qui dérida le front de Napoléon lui-même, au temps de ses plus grands embarras.

Toutefois, la gaîté de Béranger res semble au comique de Molière, souvent

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