Le Catalan près de nos preux s'avance, Et malgré l'ordre on le laisse approcher; Lors il leur dit: eh! qu'ont fait pour la France, Tous vos succès qu'elle paya si cher? Que lui sert-il de fatiguer l'histoire, De répéter vos marches, vos combats? Soldats, etc.
Un roi couvert d'une gothique rouille Insolemment vient vous tyranniser; Et vous tremblez sous un sceptre en quenouille Qu'un faible enfant suffirait à briser; A vos exploits je refuse de croire, Puisque la peur enchaîne encor vos bras. Soldats, etc.
Au mot de peur, nos guerriers en furie, Allaient lancer un plomb sûr et mortel, Mais l'Espagnol sans s'émouvoir leur crie: Ce n'est pas moi qui dois rougir l'autel; Si l'honneur veut un sang expiatoire, A vos tyrans envoyez le trépas.
Comme le vent chasse un léger nuage, De nos guerriers le courroux a passé; Et le Français répond avec courage A l'Espagnol qu'il tenait embrassé : La liberté repassera la Loire,
Nous la suivrons, vieux et jeunes soldats, Chacun de nous jure par la victoire De vivre libre ou de ne vivre pas. Soldats, etc.
Soudain pour faire un drapeau tricolore, Un colonel donne un manteau d'azur, Un grenadier sur le lys qu'il abhorre, Ouvre sa veine et répand un sang pur : Comme un fanal du haut d'un promontoire, Le drapeau saint brille sur nos climats, Et tout Français jure par la victoire De vivre libre ou de ne vivre pas.
LE RETOUR D'UN GRENADIER D'ESPAGNE.
AIR du grenadier, dans les Cuisinières.
MA Fanchon, j' r'venons d' l'Espagne, Où s' qu'on dit qu' tout est fini, J'ons fait un' fameus' campagne, Et j' croyons bien qu'aujourd'hui, Celle d'Italie, d'Egypt', d'All'magne Ne sont rien auprès de cell'-ci.
J' somm's venus nous batt' pour plaire A ceux qu' nous traitions d' brigands, Pour des moin's que j' n'aimons guère, Pour des nobl's et des pédans,
Et j'ons servi Derol, Trapist', Bissière, N'esc'ti pas êtr' bon enfant.
Libre par notre assistance, Ferdinand r'prend sa grandeur, Et tout l' fruit de notr' vaillance Est d'avoir eu le bonheur
D'aider ce roi si grand, si tendr', si sage, A se nommer un confesseur.
Grâc' à c' bon monsieur d' Villèle Qu'a répandu ben d' millions, J'ons détruit sans beaucoup d'zèle C'te pauvre constitution;
Et j'ons rétabli la bonn', la belle, La douce et sainte inquisition.
Ma Fanchon, j' commence à croire Qu' j'ons eu trop d' simplicité; J' somm's heureux de not' victoire, Car je sens en vérité,
Que l'Français qu'aim' l'honneur, la gloire, Doit s' batt' pour la liberté !
NOUVEL ORDRE DU JOUR.
AIR: C'est l'amour, l'amour.
BRAV' soldats, v'là l'ord' du jour, Point d' victoire
Où n'y a point d' gloire.
Brav' soldats, v'là l'ord' du jour. Gard' à vous! demi-tour.
- Notre ancien, qu'a donc fait l'Espagne? Mon p'tit, ell' n' veut plus qu'aujourd'hu Ferdinand fass' périr au bagne Ceux-là qui s' sont battus pour lui. Nous allons tirer d' peine
Des moin's blancs, noirs et roux, Dont on prendra d' la graine, Pour en r' planter chez nous. Brav' soldats, etc.
Notre ancien, qu' pensez-vous d' la guerre? Mon p'tit, ça n'ira jamais bien!
V'là z'un princ' qui n' s'y connaît guère. C'est un' poir' moll' de bon chrétien ; Bientôt l'fils d'Henri quatre Voudra qu'un jour d'action On n' puisse aller combattre Sans billet d' confession.
Notre ancien, ques' ce que c'est que l' Trapiste Avec tous ces Chouans dégu'nillés?
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