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Certain pauvre de Clichy
S'en trouve bien, Dieu merci ;
Si son caissier ne le triche,
Encore un pareil malheur,
Et le pauvre sera riche
Plus que certain souscripteur.

Pour nos guerriers mutilés
En Amérique exilés,

Je me suis fait souscripteur,
C'est une dette d'honneur;
Des effets de l'arbitraire,
Victimes, redoutez moins;
Souscription volontaire
Doit veiller à vos besoins;
De cette souscription,
Nationale est le nom;

Moi, je me suis caché, car
Je n'en prendrai pas ma part.

Un fanatique en furie,
Par un horrible attentat,
De Berry trancha la vie,
Au sortir de l'Opéra.

Etant mort, je croyais bien.
Qu'il n'aurait besoin de rien;
Je me trompe, puisqu'il faut
Souscrire pour un tombeau;
Ses parens fort à leur aise
Auraient bien pu cependant,
Seuls faire, ne leur déplaise,
Tous les frais du monument.

Mais rien n'est beau, rien n'est bon,
Que par la souscription,
Et moins on en a besoin,
Plus on y porte de soin;
Partout le projet est mince,
Pour ne pas dire honteux,
De demander pour un prince
Les deniers du malheureux;
Au père il faut un tombeau,
Au fils il faut un château,
Souscrivant et par raison,
En gros j'ai tracé mon nom.

J'ai souscrit pour les chaumières;
J'ai souscrit pour le château;

J'ai souscrit pour le Voltaire ;
J'ai souscrit pour le Rousseau ;
J'ai souscrit pour les brûlés,
J'ai souscrit pour les blessés;
Pour les grands, morts et vivans,
Je souscris depuis long-temps,
Bref, je suis dans la misère,
Tant j'ai souscrit, et je crois
Que l'on ne pourrait mieux faire
Que de souscrire pour moi.

LE SABRE.

AIR du vaudeville de la robe et des bottes.

UN soldat, qu'une heureuse trève,
Ramenait sous le toit natal,

Disait en suspendant son glaive,
Près du portrait de son vieux général :
Ils ne sont plus ces temps où la victoire
Par ton secours, vint illustrer mon bras;
Puisque la paix met un terme à la gloire,
Repose-toi, mais ne te rouille pas. (bis.)

Un jour près de l'humble chaumière
Où j'atteignais quinze printemps,
Voyant flotter notre bannière,

« Les feux de Mars embrasèrent mes sens.
» Fier des héros dont s'honore la France,
>> Je me flattais de marcher sur leurs pas
>> Puisque le sort trahit notre espérence,
Repose-toi, mais ne te rouille pas.
Tu fis assez pour la patrie,

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Tu sus émousser dans ma main
Et le poignard de l'Ibérie
Et le stylet du perfide Romain :
Tu sus courber le glaive d'Angleterre,
Tu sus encore en de lointains climats
Du Musulman briser le cimeterre:
Repose-toi, mais ne te rouille pas.

Dans les déserts où gît la cendre
Des preux que suivent mes regrets,
Au Tartare je sus apprendre

:

Ce que pesait le sabre d'un Français :
Ils sont passés ces jours de la victoire!...
Mais puisqu'enfin les revers, les frimas,

Ont respecté ton éclat et ma gloire,
Repose-toi, mais ne te rouille pas.

Mon nom fut exempt d'infamie;
De mon pays j'ai respecté les droits;
Au sein d'une ligue ennemie,
Je n'ai jamais servi l'orgueil des rois,
Du temps jaloux, tu peux braver l'injure,
Exempt de crime, exempt d'assassinats,
Du sang français ta lame est toujours pure;
Repose-toi, mais ne te rouille pas.

LE CORDON SANITAIRE.

AIR A soixante ans, on ne doit plus remettre.
UN Espagnol, du haut de la frontiè re,
Où nos soldats se tenaient arrêtés,
Leur demanda, d'une voix libre et fière,
Qu'avez-vous fait de votre liberté ?

Nos vieux guerriers lui rappellent leur gloire,
Mais l'Espagnol leur dit, parlez plus bas :
Soldats français, il n'est qu'une victoire,
C'est d'être libre et vous ne l'êtes pas. (bis.)

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