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ENVOI.

Cher Manuel, dans un autre âge,
Aurais-je peint nos tristes jours?
Ton éloquence et ton courage
Nous ont trouvés ingrats et sourds.
Mais pour la patrie

Ta vertu brave et périls et dégoûts,
Et plaint encor l'insensé qui s'écrie:
Enivrons-nous!

TREIZE A TABLE.

AIR de Préville et Taconnet,

ou du carnaval de Meissonnier.

(bis.)

DIEU! mes amis, nous sommes treize à table,
Et devant moi le sel est répandu.
Nombre fatal! présage épouvantable!
La mort accourt; je frissonne éperdu.
Elle apparaît, esprit, fée ou déesse,
Mais belle et jeune, elle sourit d'abord.
De vos chansons, ranimez l'allégresse;
Non, mes amis, je ne crains plus la mort.

(bis.)

} (bis.\

Bien qu'elle semble invitée à la fête,
Qu'elle ait aussi sa couronne de fleurs,
Seul je la vois, seul je vois sur sa tête
D'un arc-en-ciel resplendir les couleurs.
Elle me montre une chaîne brisée,

Et sur son sein un enfant qui s'endort.
Calmez la soif de ma coupe épuisée;
Non, mes amis, je ne crains plus la mort.

« Vois, me dit-elle, est-ce moi qu'il faut craindre? >> Fille du ciel, l'Espérance est ma sœur.

»

Dis-moi, l'esclave a-t-il droit de se plaindre » De qui l'arrache aux fers d'un oppresseur ? » Ange déchu, je te rendrai les ailes >> Dont, ici-bas, te dépouilla le sort. » Enivrons-nous des baisers de nos belles : Non, mes amis, je ne crains plus la mort.

« Je reviendrai, poursuit-elle, et ton âme
>> Ira franchir tous ces mondes flottans,
>> Tout cet azur, tous ces globes de flamme
Que Dieu sema sur la route du temps.

»

>> Mais tant qu'au joug elle rampe asservie, » Goûte sans crainte un bonheur sans remord. >>

Que le plaisir use en paix notre vie;
Non, mes amis, je ne crains plus la mort.

Ma vision passe et fuit tout entière
Aux cris d'un chien, hurlant sur notre seuil.
Ah! l'homme en vain se rejette en arrière
Lorsque son pied sent le froid du cercueil.
Gais passagers, au flot inévitable

Livrons l'esquif qu'il doit conduire au port.
Si Dieu nous compte, ah! restons treize à table;
Non, mes amis, je ne crains plus la mort.

LAFAYETTE EN AMÉRIQUE.

AIR: A soixante ans il ne faut pas remettre. RÉPUBLICAINS, quel cortège s'avance? -Un vieux guerrier débarque parmi nous. -Vient-il d'un roi vous jurer l'alliance? -Il a des rois allumé le courroux.

-Est-il puissant?-Seul il franchit les ondes. -Qu'a-t-il donc fait?-Il a brisé des fers. Gloire immortelle à l'homme des deux mondes! Jours de triomphe, éclairez l'univers!

Européen, partout, sur ce rivage,
Qui retentit de joyeuses clameurs,

Tu vois régner, sans trouble et sans servage,
La paix, les lois, le travail et les mœurs.
Des opprimés ces bords sont le refuge:
La tyrannie a peuple nos déserts.

L'homme et ses droits ont ici Dieu pour juge.
Jours de triomphe, éclairez l'univers!

Mais que de sang nous coûta ce bien-être!
Nous succombions; Lafayette accourut,
Montra la France, eut Washington pour maître,
Lutta, vainquit, et l'Anglais disparut.
Pour son pays, pour la liberté sainte,
Il a depuis grandi dans les revers.

Des fers d'Olmutz nous effaçons l'empreinte.
Jours de triomphe, éclairez l'univers!

Ce vieil ami que tant d'ivresse accueille,
Par un héros ce héros adopté,
Bénit jadis, à sa première feuille,
L'arbre naissant de notre liberté.

Mais aujourd'hui que l'arbre et son feuillage
Bravent en paix la foudre et les hivers,

Il vient s'asseoir sous son fertile ombrage.
Jours de triomphe, éclairez l'univers!

Autour de lui, vois nos chefs, vois nos sages,
Nos vieux soldats se rappelant ses traits;
Vois tout un peuple, et ces tribus sauvages,
A son nom seul sortant de leurs forêts.
L'arbre sacré sur ce concours immense
Forme un abri de rameaux toujours verts:
Les vents au loin porteront sa semence.
Jours de triomphe, éclairez l'univers!
L'Européen, que frappent ces paroles,
Servit des rois, suivit des conquérans ;
Un peuple esclave encensait ces idoles:
Un peuple libre a des honneurs plus grands.
Hélas! dit-il, et son œil sur les ondes
Semble chercher des bords lointains et chers:
Que la vertu rapproche les deux mondes!
Jours de triomphe, éclairez l'univers!

AIR

MAUDIT PRINTEMPS!

C'est à mon maître en l'art de plaire

JE la voyais, de ma fenêtre,
A la sienne tout cet hiver;

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