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Qui sur la double cime
Fais grimper la procession,
Ta muse en masque

Est lourde et flasque;

Mais qu'un tendron te tire par la basque :
Tu lui souris ; et le bon vin,

Pour toi, ne vieillit pas en vain,
Beau joueur d'orgue au service divin.
Narguant des lois sévères,

Troubadours et trouvères,

Au nez des rois, vidaient gaîment leurs verres.

Toi qui prends Boileau pour psautier,
Du joug je te délie :

Veux-tu, près de Thalie,

De Regnard être l'héritier ?

De cette muse

Parfois abuse;

Enivre-la; Molière est ton excuse.
Elle naquit sur un tonneau;

Pour lui rendre un éclat nouveau,
Puise la joie au fond de son berceau.
Narguant des lois sévères,

Troubadours et trouvères,

Au nez des rois, vidaient gaîment leurs verres.

Du romantisme jeune appui,
Descends de tes nuages;
Tes torrens, tes orages
Ceignent ton front d'un pâle ennui.
Mon camarade,

Tiens, bois rasade;

C'est un julep pour ton cerveau malade.
Entre naître et mourir, hélas!
Puisqu'on ne fait que quelques pas,
On peut aller de travers ici-bas.

Narguant des lois sévères,

Troubadours et trouvères,

Au nez des rois, vidaient gaîment leurs verres.

Oui, trouvères et troubadours
Sablaient force champagne.

Mais je bats la campagne;
L'ode et le vin font de ces tours.
Le ciel nous dote

D'une marotte

Tour à tour grave, et quinteuse et falotte.
Le soleil s'est levé joyeux,

Le front barbouillé de vin vieux.
Ah! tout poète est le jouet des dieux.

Narguant des lois sévères,

Troubadours et trouvères,

Au nez des rois, vidaient gaîment leurs verres.

LES ESCLAVES GAULOIS.
CHANSON ADRESSÉE A M. MANUEL.

(MAI 1824.)

AIR: Un soldat, par un coup funeste.
D'ANCIENS Gaulois, pauvres esclaves,
Un soir qu'autour d'eux tout dormait,
Levaient la dîme sur les caves
Du maître qui les opprimait.
Leur gaîté s'éveille;

« Ah! dit l'un d'eux, nous faisons des jaloux. » L'esclave est roi quand le maître sommeille. >> Enivrons-nous! (4 fois.)

» Amis, ce vin par notre maître
>> Fut confisqué sur des Gaulois,
>> Bannis du sol qui les vit naître
>> Le jour même où mouraient nos lois.

>> Sur nos fers qu'il rouille

» Le temps écrit l'âge d'un vin si doux.
>> Des malheureux partageons la dépouille.
>> Enivrons-nous!

>> Savez-vous où gît l'humble pierre
>> Des guerriers morts de notre temps?
» Là, plus d'épouses en prières;

>> Là, plus de fleurs, même au printemps.
» La lyre attendrie

>> Ne redit plus leurs noms éffacés tous. Nargue du sot qui meurt pour la patrie! >> Enivrons-nous!

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>> La liberté conspire encore
» Avec des restes de vertu;
» Elle nous dit : voici l'aurore;
» Peuple, toujours dormiras-tu?
» Déité qu'on vante,

>> Recrute ailleurs des martyrs et des fous:
>> L'or te corrompt, la gloire t'épouvante.....
>> Enivrons-nous !

Oui, toute espérance est bannie, >> Ne comptons plus les maux soufferts.

» Le marteau de la tyrannie
» Sur les autels rive nos fers.
>> Au monde en tutelle,

>> Dieux tout-puissans, quel exemple offrez-vous! » Au char des rois un prêtre vous attelle. Enivrons-nous !

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» Rions des dieux, sifflons les sages,
>> Flattons nos maîtres absolus.
» Donnons-leur nos fils pour otages;
>> On vit de honte, on n'en meurt plus.
» Le plaisir nous venge;

» Sur nous du sort il fait glisser les coups.
>> Traînons gaiment nos chaînes dans la fange.
>> Enivrons-nous! >>

Le maître entend leurs chants d'ivresse
Il crie à des valets: « Courez!
>> Qu'un fouet dissipe l'allégresse
>> De ces Gaulois dégénérés. »
Du tyran qui gronde

Prêts à subir la sentencé à genoux,

Pauvres Gaulois, sous qui trembla le monde, Enivrons-nous!

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