de Créon. Médée empoisonna le père, la fille de Jason, et deux enfans qu'elle avait de lui, et se déroba à sa vengeance en fuyant dans les airs sur un char traîné par des dragons aîlés.

PAUSANIAS, Diodore de Sicile, et d'autres Historiens peignent cette Princesse comme une femme vertueuse, qui n'eut d'autre crime que d'aimer Jason, qui l'abandonna lâchement, malgré les gages qu'il avait de sa tendresse, pour épouser la fille de Créon; une femme qui étant en Colchide, sauva la vie de plusieurs étrangers que le roi voulait faire périr, et qui ne s'enfuit de sa patrie que par l'horreur qu'elle avait des cruautés de son père; enfin une reine abandonnée, trahie, persécutée, qui, après avoir eu inutilement recours aux garaus des promesses de son époux, fut obligée de passer les mers pour chercher un asyle dans les pays éloignés.

LES Poëtes qui ont mieux trouvé leur compte å la rendre criminelle, n'ont pu s'empêcher de reconnaître que née vertueuse, elle n'avait été entraînée au vice que par le concours des Dieux, surtout de Vénus qui persécuta sans relâche toute la race du Soleil, pour avoir découvert son intrigue avec Mars. Delà ces paroles d'Ovide, si bien imitées dans ces deux vers de Quinault.

Le destin de Médée est d'être criminelle,`
Mais son cœur était fait pour aimer la vertu.

Si l'on voulait avoir une explication raisonnable de la Fable de la toison d'or, dont la conquête

donna

donna lieu au fameux voyage des Argonautes, et aux forfaits de Médée, il serait assez difficile de la donner.

QUELQUES-UNS pensent que cette fable était fondée sur ce qu'il y avait dans la Colchide des torrens qui roulaient sur un sable d'or qu'on ramassait sur des peaux de mouton ce qui se pratique encore aujourd'hui vers le Fort-Louis, où la poudre d'or se recueille avec de semblables toisons, lesquelles, quand elles sont bien remplies, peuvent être regardées comme des toisons d'or.

ENFIN, après mille et mille autres explications, Suidas, le Léxicographe, a rêvé que cette Toison était un livre en parchemin qui contenait le secret de faire de l'or, objet de la cupidité éternelle des humains, et les Alchimistes n'ont pas manqué de rêver comme Suidas,

(7) Elle seule dompte les Chiens féroces d'Hécate

SUIVANT l'opinion commune, Hécate est la même que Proserpine, que Diane et que la Lune; c'est-à-dire qu'elle est la Lune au ciel, Diane sur la terre, et Proserpine dans les Enfers. Voilà pourquoi elle est appellée la triple Hécate ou la Déesse à trois formes.

RIEN n'est plus incertain que sa naissance. Musée la déclare fille du Soleil, d'autres de la Nuit, d'autres de Cérès et de Jupiter; d'autres encore de ce Dieu et de Latone; d'autres enfin prétendent qu'elle était fille de Persée et d'Asterie, dont Jupiter avait eu les faveurs, avant que de faire lui-même ce mariage.

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ON la représentait tantôt par trois figures adossées les unes aux autres, tantôt par un seul corps qui porte trois têtes et quatre bras, disposés de manière que, de quelque côté qu'on se tourne, chaque tête a ses deux bras ; d'une main, elle porte un flambeau qui lui a valu le titre de Lucifera; des deux autres mains, elle tient un fouet et un glaive, comme gardienne des Enfers; et dans la quatrième, on lui met un serpent, parce qu'elle présidait à la santé, dout le serpent est le symbole. On la peignait à trois faces, à cause des trois faces que la Lune fait voir dans son cours, ou selon d'autres, parce qu'elle domine sur la naissance, la santé et la mort. Comme Diane, elle veille à la santé; comme Lucine, elle préside à la naissance; comme Hécate, elle commande à la mort.

HESIODE parle d'Hecate comme d'une Déesse terrible, pour qui Jupiter a plus d'égard que pour aucune autre Livinité, parce qu'elle a , pour ainsi dire, le destin de la terre entre ses mains, qu'elle distribue les biens à ceux qui l'honorent, qu'elle préside au conseil des Rois, aux accouchemens et aux songes. Elle était aussi la Déesse des Magiciennes et des Enchanteresses; c'est pour cela qu'on la fait mère de Circée et de Médée. Elle passait encore pour la Déesse des Specires et des Songes; enfin elle était la Déesse des Expiations; et sous ce titre, on lui immolait des petits chiens, et on lui élevait des statues dans les carrefours où elle était appellée Trivia. On dérive son nom d'Hécate, d'un mot grec qui veut dire Cent; ou parce qu'on lui offrait cent victimes à la fois, ou parce qu'on croyait qu'elle retenait cent

ans au-delà du Styx, les ames de ceux qui avaient été privés de la sépulture.

On célébrait tous les mois à Athènes des Fêtes appellées Hécatésies, en l'honneur d'Hécate. Alors à chaque nouvelle lune, les gens riches donnaient un repas public dans les carrefours où la Divinité était censée présider, et ce repas se nommait le repas d'Hécate. Mais ces repas publics étaient surtout destinés pour les pauvres. Ainsi les Grecs et les Romains qui sévissaient contre les mendians et les vagabons, avaient imaginé les moyens d'aider perpétuellement les familles indigentes, sans le secours des Hôpitaux et des Couvens qu'ils ne connaissaient pas, et leurs sacrifices religieux étaient politiques en ce sens.

(8) Prononce trois fois ces Paroles Pythonniques.

Le mot Pythonique n'est pas dans le texte, c'est une expression consacrée et empruntée de l'Ecriture pour exprimer les paroles prophétiques des Dévins, des Magiciens, etc. Moyse veut qu'on lapide ceux qui sont remplis de l'esprit de Python. Tout le monde connaît l'apparition de Samuel à Saul, opérée par la Pythonisse d'Eudor, et rapportée dans le premier Livre des Rois.

PYTHON en Mythologie, est ce monstre enfanté par la Terre après le déluge, et qui tomba sous les traits d'Appollon.

(9) Cette Magicienne s'est vantée de pouvoir détruire mon amour par ses Talismans et ses Breuvages.

IL faut cependant parler une fois des Talismans et des Filtres qui jouent un si grand rôle dans TIBUlle.

UN Talisman est une figure magique, gravée en conséquence de certaines observations superstitieuses sur les caractères et configurations du Ciel, ou des corps célestes auxquels les Astrologues, les Philosophes Hermétiques et autres Charlatans attribuent des effets merveilleux, et surtout le pouvoir d'attirer les influences célestes. Ainsi les Hébreux par exemple avaient des Théraphines ou instrumens de cuivre, qui marquaient les heures et les minutes des événemens futurs, comme gouvernés par les astres. Le Rabbin Elieser prétend que, pour faire un Téraphim, on tuait un enfant nouveau né, qu'on fendait sa tête, et qu'on l'assaisonnait de sel et d'huile ; qu'on gravait sur une plaque d'or le nom de quelque esprit impur, et qu'on mettait cette plaque sous la langue de l'enfant mort; qu'on attachait la tête contre un mur, qu'on allumait des lampes, et qu'on faisait des prières devant cette tête qui parlait ensuite devant ses Adorateurs.

LES Cabinets des Antiquaires sont pleins de plaques ou amulettes, qui portent des empreintes du Soleil ou de ses symboles, ou de la Lune et des autres Plamettes, ou de différens signes du Zodiaque.

DANS la confection des Talismans, la plus légère conformité avec l'astre ou le Dieu en qui l'on avait