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ÉLÉGIE HUITIÈME.

ELLES l'avaient chanté ce grand jour, les Parques qui filent le tissu fatal que nul Dieu ne peut rompre ( 1 ): les filles de la nuit avaient prédit la conquête de l'Aquitaine, et que l'Adour tremblerait à l'approche de Messală (2): leur oracle est accompli; la jeunesse de Rome a vu de nouveaux triomphes (3), et les bras des chefs ennemis chargés de chaînes.

MESSALA, tes coursiers éclatans de blancheur s'avançaient tout fiers de traîner le char d'ivoire qu'ombrageaient tes lauriers : j'ai été l'heureux témoin de ces magnifiques honneurs. Tarbes, voisine des Pyrénées (4), l'océan et les rivages de Saintonge, ont vu tes victoires : l'Arare et le Rhône impétueux et la

Carnuti et flavi, cærula lympha Liger! 'An te, Cydne, canam, tacitis quileniter undis Cæruleus placidis per vada serpis aquis? Quantus et æthereo contingens vertice nubes Frigidus intonsos Taurus alat Cilicas? Quid referam, ut volitet crebras intacta per urbes

Alba Palestino sancta columba Syro? Utque maris vastum prospectet turribus

æquor

Prima ratem ventis credere docta Tyros?

Qualis et, arentes cùm findit Sirius agros;
Fertilis æstiva Nilus abundet aqua ?
Nile pater, quanam possum te dicere causa;
Aut quibus in terris occuluisse caput?
Te propter nullos tellus tua postulat imbres,
Arida nec pluvio supplicat herba Jovi.

superbe Garonne (5), et la Loire aux ondes colorées (6), les attestent. Et toi Cydnus (7), je chanterai tes eaux azurées qui serpentent doucement dans des plaines riantes. Toi Taurus glacé (8)! qui de ta tête frappe les nues; toi que l'agreste Cilicien cultive, je te célébrerai aussi dans mes vers. Que dirai-je de la Syrie (9) et de ces villes nombreuses, où l'oiseau révéré de Vénus vole sans crainte; et des Tyriens (10), qui du sommet de leurs tours, jettent de fiers regards sur la vaste étendue des mers, auxquelles ils osèrent, les premiers, confier des vais

seaux

DIRA 1-JE, comment le Nil, par ses crues salutaires fertilise en été les cam

pagnes brûlantes que cultive le Syrien ? O Nil générateur (11)! qui me révélera la cause de ta fécondité, et dans quelles contrées tu caches tes sources abondantes. Les terres fortunées que tu parcoures ne demandent jamais au ciel des pluies, et l'herbe desséchée n'y implore

Te canit, atque suum pubes miratur Osirim Barbara, Memphitem plangere docta

bovem.

Primus aratra manu solerti fecit Osiris,
Et teneram ferro sollicitavit humum.
Primus inexperta commisit semina terræ,
Pomaque non notis legit ab arboribus.
Hic docuit teneram palis adjungere vitem:
Hic viridem dura cædere falce comam.
Illi jucundos primùm matura sapores
Expressa incultis uva dedit pedibus.
Ille liquor docuit voces inflectere cantu,
Movit et ad certos nescia membra modos.
Bacchus et agricolæ magno confecta labore
Pectora tristitiæ dissoluenda dedit.

Bacchus etafflictis requiem mortalibusaffert,

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en aucun temps lse rosées célestes. La jeunesse sauvage de ces contrées te chante et t'admire aussi bien qu'Osiris (12), et le bœuf sacré (13) dont Memphis célèbre la mort par tant de gémissemens. C'est toi bienfaisant Osiris! qui le premier, d'une main adroite, construisis les instrumens du labourage et sollicita la terre avec le soc. Tu sus, le premier, déposer dans son sein encore vierge, les semences fécondes, et cueillir des fruits sur des arbres qui n'en avaient jamais porté. Tu appris à l'Egypte l'art de soutenir la tendre vigne par un appui protecteur, et celui de couper avec la faux la verte chevelure des prairies. Tu enseignas au Vigneron à fouler la grappe mûre, pour en exprimer sa douce liqueur. Cet aimable breuvage inspira les chants joyeux, et bientôt les pas s'accordèrent avec une juste cadence. Bacchus bannit le chagrin du sein du Cultivateur épuisé par de rudes travaux : Bacchus procura repos aux mortels infortunés, malgré

du

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